Et si vous visitiez un appartement sans bouger de chez vous ? Faute d’avoir inventé le don d’ubiquité, PAP, le leader des petites annonces immobilières entre particuliers sur Internet, va offrir la possibilité de faire des visites virtuelles, "d’ici à la fin de l’année", annonce Corinne Jolly, la présidente, sur Europe 1. "On aura une formule tout compris avec estimation du prix de vente, visite virtuelle, filtrage des appels… Tout pour que la personne puisse être complètement indépendante pour vendre son logement", a-t-elle expliqué mercredi, dans l’interview éco d’Emmanuel Duteil. Montant de la formule : 690 euros.
Écoutez l'interview intégrale de Corinne Jolly à 22h20 dans le journal de la nuit d'Isabelle Millet. Le replay de l'émission est à retrouver ici.
Un gain de temps pour tout le monde. Les visites virtuelles devraient faire gagner du temps aux gens qui cherchent à acquérir un bien sur PAP, estime Corinne Jolly. "C’est comme un streetview mais dans un appartement, on clique là où on veut aller", précise-t-elle. "Je crois qu’il faut visiter l’appartement sur place mais ça permet d’avoir beaucoup moins de contacts inutiles. Si vous avez fait une visite virtuelle et qu’ensuite vous contactez le propriétaire pour une vraie visite, c’est que vous n’êtes pas loin de l’achat", souligne la présidente de PAP. "Le vendeur gagnera énormément de temps et n’aura plus que des visites très qualifiées. Et l’acquéreur se fait de son côté une très bonne idée de ce qui l’attend, donc il s’épargne des visites inutiles."
Selon Corinne Jolly, ces visites virtuelles répondent à un besoin. "On sent qu’il y a une appétence pour vendre sans aucun intermédiaire", note-t-elle. "Avant, c’était quasi exclusivement pour des raisons économiques. Aujourd’hui, c’est plus que ça. On le voit avec le développement du covoiturage et de la colocation, il y a une vraie volonté d’être en direct, un goût pour la rencontre. Si c’est simple et rapide, il n’y a aucune raison de passer par une agence", assène la patronne du site, sur Europe 1.
Contrer les ambitions de LeBonCoin. On peut aussi penser que PAP a besoin de réagir face à la concurrence croissante de LeBonCoin, devenu au fil des années une référence pour les petites annonces immobilières. "S’il n’y avait qu’eux, il n’y aurait que des agences immobilières. Si vous n’y connaissez rien, c’est difficile de démarrer avec LeBonCoin", contre Corinne Jolly. "Ça fait longtemps qu’on s’est positionné à côté, en apportant de l’information et en accompagnant les gens."
Quoi qu’il en soit, PAP avait besoin de se renouveler, au moment où le marché immobilier se contracte quelque peu. La baisse des ventes "se vérifie" sur PAP mais "on parle d’un ralentissement par rapport à l’année 2017 qui était excellente", rappelle Corinne Joly. "Les acquéreurs s’étaient précipités par crainte de voir les taux remonter mais finalement, cela fait un moment qu’ils restent bas. Le rythme s’est donc stabilisé et 2018 reste une année dynamique", précise-t-elle.
Envolée des prix à Paris. "En réalité, le ralentissement se ressent surtout dans les zones rurales et les petites villes, qui sont toujours les premières touchées par le repli du marché", souligne la patronne de PAP. À l’inverse, à Paris, les prix continuent de s’envoler et tutoient désormais les 10.000 euros le mètre carré, la faute à une offre toujours très inférieure à la demande. "On ne peut même plus parler de phénomène historique : depuis que je travaille, la situation de Paris est la même. Il n’y a pas d’accentuation, simplement un décalage énorme, de l’ordre de 20 demandes pour une offre", affirme Corinne Jolly.
L’envolée des prix parisiens n’est pas sans conséquences sur les ventes. "Ça se matérialise par le fait que les gens qui achètent à Paris sont des gens qui sont déjà propriétaires ailleurs à Paris", explique la présidente de PAP. Mais, selon elle, "c’est une période hyper intéressante" pour le site. "Les prix de l’immobilier sont chers, donc le montant des commissions d’agence aussi. En plus, comme le marché est très facile, les propriétaires qui postent une annonce chez nous vendent en une semaine. Donc ça ne vaut pas le coup de payer 40.000 euros de frais d’agence", déclare-t-elle, avant de conclure sur un argument phare de PAP : "En moyenne, vendre son logement chez nous coûte 45 euros".