C’est devenu une habitude pour les Français : au printemps, on déclare ses revenus et l’été on paye ses impôts. Sauf que la campagne 2017 qui s’ouvre mercredi pourrait être la dernière de ce type. En effet, l’an prochain, le prélèvement à la source sera effectif. Les impôts seront prélevés automatiquement sur le salaire, via l’employeur. Le sort de la grande réforme fiscale de François Hollande n’est cependant pas encore gravé dans le marbre et dépend du résultat de l’élection présidentielle.
Le prélèvement à la source implique un changement de taille pour les contribuables. Il faudra toujours déclarer ses revenus de l’année 2017 en avril/mai 2018 mais l’avis d’imposition reçu dans la foulée ne contiendra pas le montant à payer. A la place, il donnera un taux de prélèvement. Celui-ci correspond à un pourcentage de salaire que l'employeur prélèvera automatiquement chaque mois à partir de janvier 2018. Il connaîtra donc le taux d’imposition de ses salariés. Le taux sera actualisé chaque année grâce aux déclarations des contribuables.
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Hamon favorable. Parmi les principaux prétendants à l’Élysée, Benoît Hamon est le seul à vouloir "mener à bien" le prélèvement à la source. Il compte y ajouter un autre changement en individualisant l’impôt sur le revenu pour les couples.
Macron souhaite un test. Emmanuel Macron approuve quant à lui une "bonne réforme" mais se dit incertain de sa "robustesse technique". "Je souhaite que l'on expérimente l'impôt à la source au 1er janvier prochain mais je ne souhaite pas qu'il soit généralisé tout de suite", a affirmé l’ancien ministre de l’Économie sur Europe 1. Selon lui, "il y aura immanquablement des loupés techniques et je n'ai pas envie de plonger le pays dans l'incertitude totale". Autrement dit, le candidat d’En Marche ! souhaite que l’année 2018 serve de test avant, en cas de succès, d’appliquer pleinement le nouveau système en 2019.
Mélenchon vers une abrogation. De son côté, Jean-Luc Mélenchon est "opposé au prélèvement à la source" fait savoir son équipe. Il considère que la réforme est inutile et inefficace car "le taux de recouvrement de l’impôt en France est déjà l’un des meilleurs au monde". Le candidat de la France insoumise critique le trop-plein de démarches pour les entreprises et la possibilité pour l’employeur de "connaître la situation financière et familiale de ses employés". S’il est élu, Jean-Luc Mélenchon fera "un bilan de l’état d’avancement de la réforme" mais "rien n’est irrévocable. Nous partons plutôt sur une abrogation", précise Boris Bilia, coordinateur du programme du candidat.
Fillon veut une autre réforme. A droite, le prélèvement à la source ne passerait pas la fin de l’année. François Fillon l’affirme dans son programme, il ne mettra pas en œuvre cette réforme, abrogée dès les premiers mois de son quinquennat. Le calendrier serré inquiète le candidat, de même qu’une éventuelle hausse des charges des entreprises. A la place, le candidat Les Républicains envisage "une réforme des modalités de prélèvements en vue de développer la mensualisation et la contemporanéité des revenus et des prélèvements".
Le Pen s’y oppose. Marine Le Pen promet également de supprimer le prélèvement à la source "afin de protéger la vie privée des Français et d’éviter une complexité administrative supplémentaire pour les entreprises". La candidate Front national estime que le fait que l’employeur connaisse le taux d’imposition de ses salariés représente un risque de conflit et fera peser sur ses épaules un poids supplémentaire. Mais pour Marine Le Pen comme pour François Fillon, supprimer le prélèvement à la source ne se fera pas d’un claquement de doigt car les services de l’État ont déjà engagé des travaux en vue de son application en 2018.
Les Français partagés. Les contribuables sont plutôt favorables au prélèvement à la source, avec quelques réserves. Selon un sondage Ifop-Fiducial de mars, 57% des Français trouvent que c’est une bonne mesure, même si 53% se disent inquiets à propos de son application. Qu’il soit pour ou contre le prélèvement à la source, le le futur président de la République devra donc convaincre les Français du bien-fondé de sa politique et faire preuve (à nouveau) de pédagogie.