La réserve fédérale des États-Unis, surprise par une inflation galopante en mai dernier, a décidé de relever son taux directeur de 0,75 point, la plus forte hausse depuis 1994. La Banque centrale européenne (BCE) a décidé de faire de même et de relever ses taux directeurs à partir de juillet, une décision inédite en onze ans. Pourtant, la politique monétaire n'a aucune prise sur l'inflation, selon Jean-Hervé Lorenzi, fondateur du Cercle des économistes, invité d'Europe Matin vendredi.
L'inflation a atteint 8,1% dans la zone euro
"Je sépare bien la position de Jerome Powell de celle de Christine Lagarde. Ce n'est pas un phénomène monétaire. La hausse des prix est liée à des raretés et à des difficultés sur des marchés de matières premières sur lequel Jerome Powell, président de la Réserve fédérale des États-Unis, n'a aucune prise", précise-t-il au micro d'Europe 1.
"Sa solution à lui est d'entrer en récession", avance Jean-Hervé Lorenzi. "J'exagère un peu mais il faut vraiment arriver à limiter l'activité économique pour que la demande baisse et que donc les prix se calment", avance-t-il. Autrement dit, Jerome Powell envisage de créer du chômage pour freiner la consommation, une décision jugée dangereuse par le fondateur du Cercle des économistes.
À l'inverse, la politique de la Banque centrale européenne, est "plus subtile". "C'est un discours qui plaît à tout le monde, le 'je montre un peu les muscles', mais elle a un problème majeur, la zone euro est composée de pays aux situations économiques différentes, on ne peut pas avoir des divergences trop fortes", soutient-il. "La BCE va être très attentive à ne pas faire exploser la zone euro. Souvenez-vous du drame de Malte, de la Grèce, imaginez si l'Italie ou l'Espagne a des difficultés."
Après la crise de 2010, les banques centrales avaient choisi de mettre en place des politiques de soutien à l'économie pour relancer la croissance. Des politiques qui passaient notamment par l'achat de dette d'État ou d'entreprises mais aussi par des taux à 0%.