Intermarché ne mènera plus de promotions allant jusqu'à moins 70%, comme celle réalisée sur les pots de Nutella qui a dégénéré en bousculades, mais ne s'estime pas responsable de tels débordements, a dit son patron au Journal du Dimanche. "Les promotions à -70%, nous sommes maintenant dans l'obligation de les arrêter", a dit Thierry Cotillard en référence au projet de loi limitant de telles promotions, présenté mercredi en Conseil des ministres après les États généraux de l'alimentation.
"Une attente des consommateurs". Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait demandé mercredi à l'enseigne de distribution de cesser de telles opérations après les empoignades qui ont suivi cette promotion lancée fin janvier. "Nous en profitons pour présenter à nouveau nos excuses à nos équipes malmenées. Mais ces excès, et l'image qu'ils nous renvoient de notre société, doivent être lus comme révélateurs d'une vraie attente des consommateurs en termes de pouvoir d'achat", a ajouté Thierry Cotillard.
Conséquence de cette recherche de pouvoir d'achat supplémentaire, le patron d'Intermarché a minimisé la responsabilité de son enseigne dans ces événements. "Nous ne saurions être tenus pour responsables de ce qui est un symptôme", a-t-il dit. "Nous n'avions pas imaginé une telle effervescence. Il y a eu de réels débordements physiques dans une dizaine de magasins, et beaucoup d'incivilités ailleurs", a-t-il ajouté.
" La compétitivité prix reste un impératif "
Divergence avec Ferrero. Thierry Cotillard a assuré que l'opération de promotion sur le Nutella "n'a pas été réalisée sans partenariat avec le groupe Ferrero" tout en reconnaissant que c'est Intermarché qui a fixé le prix de vente. A l'opposé, le fabricant de Nutella s'était désolidarisé de cette opération, et avait souligné que "cette promotion a été décidée de manière unilatérale" par Intermarché.
Intermarché va de son côté poursuivre de grosses opérations commerciales sur le non-alimentaire, a dit son patron. "Concernant les produits non agricoles ou fortement transformés par les multinationales agroalimentaires, nous continuons à recevoir de leur part des propositions de campagnes de réduction de prix entre 30 et 50%. Les consommateurs le souhaitent", a-t-il dit. "La compétitivité prix reste un impératif. Nous demandons que le plafonnement des promotions soit limité aux produits alimentaires ayant un lien direct avec l'agriculture", a ajouté le patron de l'enseigne.
Une loi pour réguler. Le projet de loi sur l'alimentation présenté mercredi est censé mettre fin à la guerre des prix entre distributeurs, et redonner un peu d'air aux agriculteurs. Il prévoit un "encadrement" des promotions et de relever le seuil de revente à perte (SRP) de 10%, c'est-à-dire que les produits devront être vendus au moins 10% au-dessus de leur prix d'achat.