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Intelligence artificielle : la France peut-elle devenir une championne internationale ?

Europe 1 avec Aurélien Fleurot . 3 min

Alors que le secteur de l’intelligence artificielle est dominé par la Chine et les États-Unis, la France cherche à tirer son épingle du jeu lors d’un sommet international ouvert depuis ce lundi 10 février. Paris dispose d'importants avantages énergétiques et humains malgré une réglementation encore contraignante pour les investisseurs.

Après des annonces d'investissement en France en matière d'intelligence artificielle, Emmanuel Macron a promis lundi d’accélérer la mise en place des infrastructures nécessaires, au premier jour du sommet à Paris consacré à cette technologie. "J'ai indiqué (aux investisseurs) que nous allions adopter la 'stratégie Notre-Dame", a déclaré le président français, en anglais, en clôture de la journée, qui a accueilli de nombreux acteurs de la tech autour de tables rondes, au Grand Palais.

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"Nous avons montré au reste du monde qu'avec un calendrier clair, nous pouvons y arriver", a-t-il ajouté, en référence à la reconstruction de la cathédrale de Notre-Dame en cinq ans. Il a ainsi promis une accélération des procédures, notamment pour l'installation de centres de données nécessaires au fonctionnement des modèles d'IA, et a une nouvelle fois a vanté le potentiel français.

Vœu pieux ou véritable réveil en matière d'IA ? Emmanuel Macron a déjà fait plusieurs annonces de taille, avec notamment plus de 109 milliards d'euros d'investissements privés à venir dans l'Hexagone pour financer des investissements dans le secteur. Néanmoins, la concurrence est rude.

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Un modèle éducatif excellent

Dans la compétition internationale, la France est bien placée en étant le cinquième pays le plus important au monde en matière d'IA en 2024. Un résultat honorable qui s'explique par une excellence française vis-à-vis de l'IA et un investissement dans la recherche autour de l'intelligence artificielle. Déjà en 2018, la mission Villani avait pour objectif de définir une stratégie nationale pour l'IA avec une dotation de 2,5 milliards d'euros sur plusieurs années, dans le cadre du plan France 2030.

Le modèle d'instruction à la française, reconnu à l'internationale, permet également de se distinguer dans cette course à l'IA. Dans le Monde, Sam Altman, patron d'Open AI, vantait également l'excellence de la formation française.

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Ces compétences françaises permettent de concurrencer et d'attirer les grands leaders américains : "Lorsqu'ils doivent s'internationaliser, les entreprises américaines cherchent leurs interlocuteurs techniques en France", analyse Maxime Moffront, consultant chez Rhapsodies et spécialiste de l'IA

Outre les États-Unis, les Émirats arabes unis ont choisi la France pour la construction d'un data center géant. D'une capacité de calcul pouvant aller jusqu'à un gigawatt, il fera partie d'un "campus" axé sur l'IA, le plus grand en Europe, selon l'Élysée. Cela représente "de 30 à 50 milliards d'euros" d'investissements, dans le cadre d'un accord de partenariat entre les deux pays.

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Les récents usages de l'IA requièrent beaucoup d'énergie et, dans ce domaine, la France peut aussi se distinguer. Décarbonée, électricité, nucléaire....l'abondance de la France en matière d'énergie peut faire la différence et constitue son plus grand atout. Ainsi, le géant britannique Fluidstack a choisi la France pour construire l'un des plus grands supercalculateurs d 'IA décarbonée au monde. Il hébergerait 500 000 puces de dernière génération.

Accès sur l'Open source

Autre atout français qui la distingue sur la scène internationale : l'adoption de la technique de l'open source (qui implique que le code informatique soit librement accessible, modifiable et partageable) ainsi que la création de "communs numériques", par opposition à la politique des géants américains. En misant sur le collectif, la France, qui ne pourra pas concurrencer les géants américains, défend un autre modèle basé sur le collectif. Dans un communiqué, Emmanuel Macron évoque l'IA avec une analogie à la Renaissance et à "une certaine idée de l'Homme : celle qui assujettit la machine à l'esprit, l'univers à la raison, la cause individuelle à l'intérêt général".

Un pari qui pourrait être gagnant pour Maxime Moffront : "l'Open source nous donne une puissance collective très importante et permet à l'intégralité d'avancer très vite".

Des latences réglementaires ?

Alors, la France, nouvelle championne mondiale en Intelligence artificielle ? Si les atouts sont nombreux, les experts du secteur soulèvent tout de même quelques faiblesses qui peuvent ralentir Paris : "certaines latences réglementaires viennent entraver des investissements potentiels, mais elles permettent également d'endiguer des échecs", nuance Maxime Moffront.

L'expert note également le manque de stabilité politique du pays qui peut aussi être un repoussoir pour des projets qui requièrent du temps long.

Enfin, d'après Maxime Moffront, la détérioration de certaines relations à l'internationale notamment avec l'Afrique peut également ralentir l'avancée française : "le continent africain avec sa démographie et sa jeunesse très importante risque de devenir un acteur de premier plan, sa stratégie va dans ce sens et si notre relation avec le continent se dégrade, nous nous coupons d'un levier de croissance en moins".