Les embauches de cadres dans les entreprises privées ont chuté de 19% l'an dernier par rapport à 2019, tandis que 2021 ne devrait pas retrouver "le niveau d'avant-crise" sanitaire, plaçant les jeunes diplômés dans "une situation préoccupante", selon une étude de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) publiée vendredi. Ce recul en 2020 des recrutements des cadres du privé est "moins vertigineux que les prévisions de l'automne ne le laissaient craindre" et la baisse est "somme toute comparable aux grandes crises du passé", note l'Apec dans un communiqué.
Les jeunes diplômés fragilisés
En effet, une enquête sur les intentions d'embauches, réalisée en septembre, avait tiré la sonnette d'alarme en annonçant un effondrement "de 30% à 40%" des recrutements de cadres en 2020, après six années consécutives de hausse. Finalement, ce sont 228.700 embauches (en CDI ou CDD d'un an et plus) qui ont été enregistrées l'an dernier, davantage que les "170.000 à 200.000" prévues à l'automne. L'année 2021 devrait, elle, connaître un redémarrage "progressif" des recrutements, mais "sans retrouver encore le niveau d'avant-crise", prévient l'Apec. Ainsi, 247.000 embauches sont attendues, soit une hausse de "8% par rapport à l'année terrible 2020", mais un recul de 12% en comparaison à 2019. Ce rebond "encore modéré" place dans "une situation préoccupante" les jeunes diplômés "arrivant sur le marché du travail", s'inquiète l'Apec.
Cette étude a été réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 8.000 entreprises, entre janvier et mars dernier. Et l'association pour l'emploi des cadres alerte sur ce rebond "encore modéré" qui met en grande difficulté les jeunes diplômés arrivant sur le marché de l'emploi. Ils n'y sont pour rien, mais les jeunes qui ont décroché leur diplôme bac+5 en 2019 font figure de génération maudite. Début 2021, soit il y a encore quelques semaine, un sur quatre était toujours en recherche d'emploi. Et la part de ceux qui, tout au long de l'année dernière, n'ont trouvé aucun job, même de courte durée, a triplé en un an.
Concurrence avec les promos suivantes, inégalités salariales
Leur situation pourrait se compliquer un peu plus cette année, révèle l'Apec, car dans leur quête d'emploi, ils se retrouvent en concurrence avec les jeunes de la promo 2020, et bientôt avec ceux de la promo 2021. Dans le détail, douze mois après l'obtention de leur diplôme, 85% des Bac +5 ou plus lauréats en 2018 avaient un emploi, une situation partagée par seulement 69% de ceux diplômés en 2019. Chez les jeunes Bac +3/4, le taux d'emploi a aussi baissé, tombant à 71% (contre 82%), selon ce baromètre réalisé en interrogeant en janvier et février 1.500 jeunes diplômés en 2019 (niveaux Bac +3/4 et Bac +5 ou plus).
Le sort de ceux qui ont réussi à décrocher un emploi est plus enviable, mais ils ont subi eux aussi l'impact de la crise : les contrats qu'ils ont signés sont plus souvent des contrats précaires. La part des embauches en CDI a chuté de 10 points par rapport à l'année précédente. Les jeunes recrues ont dû aussi revoir à la baisse leurs prétentions salariales : moins 3% en moyenne en un an. Une baisse qui est encore plus marquée chez les jeunes femmes : -7%, contre moins 1% seulement chez les diplômés masculins.