La chute du gouvernement français «réduit la probabilité d'une consolidation des finances publiques», selon Moody's
Selon Moody's, agence de notation, estime que la censure du gouvernement Barnier "réduit la probabilité d'une consolidation des finances publiques" et table sur un déficit public de 6,3 % en 2024, contre 6,1 % prévus par le Premier ministre démissionnaire.
La chute du gouvernement Barnier "réduit la probabilité d'une consolidation des finances publiques" de la France, estime l'agence de notation Moody's, qui dit tabler sur un déficit public de 6,3 % en 2024, versus 6,1 % prévus par le Premier ministre démissionnaire.
>> LIRE AUSSI - Censure du gouvernement Barnier : la gauche réclame la démission de Macron et se dit prête à gouverner
Dans un communiqué publié dans la nuit de mercredi à jeudi, quelques heures après le vote de censure des députés français, Moody's juge que "cet événement est négatif pour le crédit" — soit la note du pays — car "il aggrave l'impasse politique du pays, réduit la probabilité d'une consolidation des finances publiques, et contribue à une prime de risque plus grande (pour les marchés, NDLR) ainsi qu'un coût de la dette plus élevé".
Un PIB au-dessus des plafonds de l'UE dans les années à venir
"Ce vote reflète l'environnement politique fracturé du pays" et "aggrave les défis fiscaux", ajoute Moody's, une des trois agences mondiales de notation avec Fitch et S&P. Michel Barnier doit présenter jeudi matin sa démission au président de la République Emmanuel Macron. Pour la première fois depuis 1962, un Premier ministre a été renversé par l'Assemblée nationale après avoir engagé sa responsabilité.
L'objectif du gouvernement était de réduire son déficit public à 5 % du PIB l'an prochain, alors que la deuxième économie de la zone euro est épinglée par Bruxelles pour son déficit excessif. Pour 2024, le déficit public, initialement prévu à 4,4 % du PIB, devrait finalement atteindre 6,1 % en 2024, du fait notamment de recettes bien moindres qu'anticipé.
"Actuellement, nous nous attendons à ce que le déficit annuel du pays atteigne 6,3 % du PIB en 2024, 5,3 % en 2025 et 4,7 % en 2026, bien au-dessus des plafonds de l'Union européenne", écrit pour sa part Moody's. Elle dit craindre un mélange "négatif" entre "des déficits plus élevés, un poids de la dette alourdi et des coûts de financements plus hauts, avec des besoins annuels d'emprunts significatifs".
"La défaite du gouvernement sur le budget complique la prise de décisions politiques"
Moody's, tout comme l'agence Fitch, avaient lancé en octobre un avertissement à la France en abaissant la perspective à négative. Le 30 novembre dernier, S&P a, elle, maintenu inchangées la note "AA-" du pays ainsi que sa perspective stable.
>> LIRE AUSSI - Michel Barnier censuré, le gouvernement renversé : que va-t-il se passer maintenant ?
Le projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) a été rejeté en même temps que le gouvernement censuré. Et la censure gèle aussi les textes actuellement débattus en séance au Parlement, dont le projet de budget de l'Etat (PLF) pour 2025 puisque le gouvernement ne pourra plus venir les défendre.
"La défaite du gouvernement sur le budget complique la prise de décisions politiques. Un nouveau Premier ministre a des chances de faire face aux mêmes difficultés que Michel Barnier a rencontrées lors de son court mandat", résume Moody's.