Le directeur général de l'équipementier télécoms Alcatel-Lucent, Michel Combes, va quitter son poste le 1er septembre en recevant 4,5 millions d'actions sur trois ans, selon des documents officiels cités par le JDD, qui chiffre ces "primes" de départ à 13,7 millions d'euros.
Cette enveloppe d'actions est liée à la fois à une rémunération en actions conditionnée à la performance, à une clause de non-concurrence et au versement de "stock options", selon des documents disponibles sur le site du groupe. La rémunération en actions était au départ conditionnée à une présence dans l'entreprise trois ans après leur attribution, mais le groupe a décidé mi-avril de supprimer cette obligation, du fait de l'annonce par le finlandais Nokia de son offre de rachat sur le groupe.
Des actions versées jusqu'en 2018. Michel Combes, qui a pris ses fonctions en mai 2013, va donc recevoir d'ici 2018 au titre de 2013, 2014 et 2015 2,685 millions d'actions, soit 8,2 millions d'euros selon le JDD, qui se fonde sur le cours de clôture d'Alcatel-Lucent vendredi (un peu plus de trois euros). Le groupe a ajouté à cela fin juillet un accord de non-concurrence suite à l'annonce du départ au 1er septembre de Michel Combes. Cette accord prévoit le versement en trois ans de près de 1,5 million d'actions, soit 4,5 millions d'euros pour un cours de trois euros. Selon la presse, Michel Combes devrait prendre le 1er septembre la présidence du conseil d'administration de l'opérateur Numericable-SFR, mais cette information n'a pas été confirmée officiellement.
Enfin, le groupe, selon une décision de fin juillet, a fixé le montant des "stock options" que recevra Michel Combes à 350.000 actions, évaluées par le JDD à un million d'euros, dont le paiement sera échelonné par tiers sur trois ans.
"Scandaleux" pour les syndicats. Le groupe a justifié ces décisions auprès du JDD par la voix de son président Philippe Camus, qui estime que "ces rémunérations sont convenables, équitables et appropriés au redressement qu'il a opéré". Les syndicats, eux, donnent de la voix. "C'est toujours aussi scandaleux de voir des sommes aussi impressionnantes", s'est indigné Pascal Guihéneuf, représentant CFDT chez Alcatel-Lucent. "Ce n'était pas prévu comme ça", a aussi souligné le syndicaliste. "Il nous avait dit en avril qu'il renonçait à son parachute doré et à ses actions gratuites".
Le Foll appelle à "garder le sens de la mesure"
Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a demandé dimanche à Michel Combes, de "réfléchir" à ses conditions de départ évoquées dans la presse. "Il faut toujours garder le sens de la mesure. Oui, il est nécessaire de récompenser ceux qui s'engagent et ceux qui, en partie, ont fait avancer les choses. Mais en même temps, cela ne peut pas se faire sans limite, sans principe", a déclaré le ministre, interrogé par les journalistes en marge de l'université d'été du PS à La Rochelle.