Le processus de ratification du Ceta, l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, débute mercredi à l'Assemblée nationale. Mais cet accord commercial reste très critiqué par les écologistes, les associations de consommateurs ou encore les agriculteurs. Et plus particulièrement les éleveurs bovins français, qui craignent une arrivée massive de viandes issues d'élevages nourris aux farines animales ou dopés aux antibiotiques.
Une crainte injustifiée selon les promoteurs de cet accord, qui rétorquent que des restrictions particulières ont déjà été posées, précisément pour empêcher l'exportation de bœuf aux hormones de croissance. "Sur ce sujet, on se fait peur pour rien", estime ainsi au micro de Pierre de Vilno, sur Europe 1, Christian Saint-Etienne, économiste titulaire de la chaire d'économie industrielle au Conservatoire national des arts et métiers. "Il faut préciser que ce sont les normes sanitaires européennes qui s’appliquent. C’est la raison pour laquelle les exportations de viande du Canada vers l’Europe ont si peu augmenté ", souligne-t-il, rappelant au passage qu’une partie du Ceta est déjà entrée en vigueur depuis 2017.
Des normes trop coûteuses à respecter pour les éleveurs canadiens
"Pour exporter de la viande du Canada vers l’Europe, il faut que les élevages du Canada respectent les règlent européennes et notamment l’interdiction d’hormone pour le bœuf et l’interdiction d’additifs pour le porc", développe Christian Saint-Etienne. "Comme ça coûterait trop cher pour les éleveurs du Canada de respecter ces normes, ils n’ont pas développé une production adéquate, et n'ont pas profité de l’augmentation des quotas", veut-il rassurer. "Les procureurs non européens ont parfaitement intégrer la dureté de ces normes puisqu’ils n’essayent même pas d’importer vers l’Europe."
Pour ce spécialiste, les contrôles déjà pratiqués sur les importations, de même que la crainte d’un scandale sanitaire, offrent quant à eux des garde-fous suffisants aux éventuelles tentatives de fraude à l'entrée du marché européen.
Un nouveau marché pour les produits aux appellations d'origine contrôlée
Surtout, Christian Saint-Etienne estime que cet accord de libre-échange doit être vu comme un opportunité à saisir pour l’exportation de nombreux produits made in France, comme le champagne ou certains fromages, dont le Ceta prévoit de garantir les appellations face à d’éventuels succédanés fabriqués outre-Atlantique. "Il y a un domaine sur lequel l’Europe existe au niveau mondial, c’est dans le domaine des accords commerciaux dits 'de nouvelle génération'. Ils ont la particularité de défendre les grands principes de l’Europe, notamment les spécificités culturelles et les indications géographiques des partenaires. Ils permettent d’ouvrir les marchés publics et de favoriser les échanges de services", fait-il valoir. Et de préciser : "Sur ces sujets-là, l’Europe impose des normes très élevées."