Officiellement, si les les tarifs de la Poste augmentent chaque année, c’est pour compenser la baisse des volumes. Sauf qu’une étude de l’UFC Que Choisir publiée lundi montre que cet argument est très discutable : les entreprises, dont le nombre de courriers à le plus chuté, ont été préservées, tandis que les particuliers paient le prix fort. Alors même que ce sont ceux qui ont le moins déserté les bureaux de poste.
Une politique tarifaire pour s’adapter à la fin du tout-postal. L’essor d’internet a profondément modifié l’activité de La Poste : particuliers et entreprises ont de plus en plus recours aux courriels et envoient moins de courriers. La Poste a donc demandé à l’autorité de régulation du secteur, l’Arcep, de pouvoir procéder à une hausse significative de ses tarifs.
Une requête acceptée : entre 2012 et 2016, les tarifs ont bondi de 5,2 % par an en moyenne. Sauf que ce chiffre moyen cache de grandes disparités : la hausse est bien plus importante pour les particuliers... alors même que ce sont eux qui ont le moins déserté les agences postales selon les calculs de l’UFC-Que Choisir. L'association de consommateurs dénonce "un traitement asymétrique particulièrement défavorable aux consommateurs".
Les particuliers ont supporté les plus fortes hausses. En décortiquant les tarifs pratiqués par La Poste entre 2008 et 2016, l’UFC Que Choisir montre en effet que les particuliers ont payé le prix fort de cette hausse générale des tarifs.
"Les usagers industriels n’ont connu qu’une faible hausse de leurs tarifs : le tarif du courrier relationnel (factures par exemple) n’a au global augmenté "que" de 15,4 % tandis que la hausse est encore moins marquée pour le courrier publicitaire puisqu’elle atteint 6,9 %. A contrario, le courrier égrené qui s’applique aux entreprises (gamme hors timbre-poste grâce aux machines à affranchir) a connu une hausse élevée de 31,9 %. Celle appliquée aux produits destinés aux usagers particuliers est encore plus importante puisqu’elle atteint 39,6 % soit 5 fois plus que l’inflation", précise l’UFC Que Choisir.
En se penchant sur les données fournies par le gendarme du secteur, l’association arrive aux mêmes conclusions : entre 2008 et 2014, les particuliers ont vu le tarif du timbre-poste augmenter de 2,88% par an, quand les entreprises s’en sortaient à +2,18% (courrier classique), +1,45% (courrier relationnel) et +0,83% (courrier publicitaire).
... Alors qu’ils ont le moins déserté les bureaux de postes. Logiquement, si les prix ont le plus augmenté pour les particuliers, c’est parce qu'ils ont le plus réduit leurs envois de courriers. Or d’après les calculs de l’UFC Que Choisir, il n’en est rien : "on constate que simultanément une baisse bien plus massive du courrier égrené des entreprises ne donne lieu qu’à une hausse moindre des tarifs. De plus, lorsqu’on pose le regard sur le trafic industriel, on se rend compte que celui qui relève de la publicité adressée tend à s’écrouler puisqu’il baisse de 5,97 % par an. Or, et cela étonne l’observateur, leurs tarifs restent quasi stables sur la période".
Cette "analyse davantage affinée met en évidence que cette hausse catégorielle caractérisée peut difficilement prendre comme justification une baisse massive des volumes dans cette catégorie", poursuit l’association. La Poste se retrouve donc accusée d’avoir fait le contraire de ce qu’elle professe, en appliquant les plus fortes hausses aux particuliers, alors que ce sont les entreprises qui le plus délaissé ses services. Ce que résume cette infographie :
Des reproches tous azimuts. Pour ne rien arranger, l’UFC Que Choisir s’est penché sur d’autres produits commercialisés par la Poste et ses reproches sont tout aussi nombreux. Il y a d’abord les colis : des enquêteurs de l’association ont envoyé des colis de 2,3 kg avec remise contre signature, indiquant souhaiter l'offre la moins chère. Dans 71% des cas, ils ont été orientés au guichet vers une offre plus chère, et 12% des paquets sont arrivés en retard. Dont certains avec 8 jours de retard.
Autre source de grief : les lettres prioritaires qui, avec des timbres rouges, sont censées arriver à J+1. Selon les chiffres compilés par UFC-Que Choisir, les performances dans ce domaine sont bien inférieures aux voisins européens.