Le taux du Livret A doublera au 1er août pour atteindre 2% et celui du Livret d'épargne populaire (LEP) grimpera à 4,6%, a annoncé jeudi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, entérinant la proposition faite par le gouverneur de la Banque de France. Produit d'épargne détenu par une majorité de Français, le Livret A voit son taux calculé automatiquement deux fois par an. En février, sa rémunération avait déjà doublé, passant de 0,5%, un plancher historique, à 1%. "Sur le Livret A comme sur le LEP, nous avons fait le choix de suivre les recommandations du gouverneur de la Banque de France", explique jeudi le locataire de Bercy au quotidien Le Parisien.
Un taux qui reste inférieur à l'inflation
Le gouverneur François Villeroy de Galhau lui avait transmis en amont, comme il est d'usage chaque semestre, sa proposition. Il revenait ensuite au ministre de l'entériner. Le taux dépend pour partie du niveau d'inflation, mesuré par l'Insee à 5,8% sur un an en France en juin, des taux interbancaires, auxquels les banques s'échangent de l'argent à court terme, mais aussi d'un éventuel "coup de pouce", absent cette fois-ci.
Si cette hausse peut sembler une bonne nouvelle pour les épargnants français, elle ne doit pas faire oublier que le taux, même revalorisé, va rester très nettement inférieur à l'inflation.
Placement préféré des Français
Pour un épargnant ayant 10.000 euros sur son Livret A, la rémunération en année pleine sera de 200 euros, contre 100 euros au taux actuel. De quoi attirer de nouveaux versements dans les semaines à venir, mais aussi "pénaliser la consommation", a réagi Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'épargne.
Cette revalorisation du Livret A entraîne par ailleurs avec elle le taux du Livret de développement durable et solidaire (LDDS). C'est une demi-surprise, puisque le gouverneur de la Banque de France l'avait déjà qualifiée de "possible" au micro de France Info mercredi. Livret A et LDDS totalisent plus de 485 milliards d'euros d'encours, selon le dernier pointage de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Ils bénéficient d'un taux d'intérêt garanti, sont exonérés d'impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux, et l'argent déposé reste disponible à tout moment.
Géré conjointement par la CDC et les réseaux bancaires, le Livret A sert essentiellement à financer le logement social, tandis que le LDDS est dédié à l'économie sociale et solidaire, ainsi qu'aux économies d'énergie dans les logements.
Plein feu sur le LEP
Le taux du livret d'épargne populaire, qui passera de 2,2% à 4,6%, devient quant à lui "le placement le plus efficace pour protéger contre l'inflation", promeut Bruno Le Maire. "Il faut remonter à 1998 pour avoir un taux du LEP comparable (4,5%)", se souvient M. Crevel. Le LEP "sera ainsi de loin le placement de court terme le mieux rémunéré permettant de compenser l'inflation", estime-t-il.
Mais trop peu de personnes éligibles en détiennent. Si ses modalités d'ouverture ont été simplifiées depuis l'an dernier, seuls 37% des 18,6 millions de Français remplissant les conditions pour disposer d'un LEP en ont effectivement un, selon la Banque de France. Ce produit est réservé aux personnes ayant des revenus ne dépassant pas certains plafonds (20.297 euros annuels par exemple pour une personne seule).
La Banque de France a tenu de son côté à rappeler "son soutien à cet instrument qui permet de protéger le pouvoir d'achat de l'épargne populaire".