Le Haut Conseil des Finances publiques (HCFP) a exprimé de vives réserves concernant les prévisions budgétaires du gouvernement français pour 2025, les qualifiant de "fragiles" dans un avis rendu public ce jeudi, à la veille de la présentation du projet de loi de finances.
Une vision optimiste contestée
Lors d'une conférence de presse, le président du HCFP, Pierre Moscovici, a souligné que les prévisions budgétaires du gouvernement sont "un peu optimistes" et manquent de documentation. Cela entraîne une incertitude quant aux résultats attendus en matière de recettes et de dépenses. Le gouvernement prévoit de ramener le déficit public à 5% du PIB dès 2025, après un dérapage anticipé à 6,1% cette année, avec l’objectif de revenir sous la limite européenne de 3% d’ici 2029.
Des risques élevés pour la croissance
Pierre Moscovici a averti qu'un risque élevé pèse sur la réalisation de cette trajectoire budgétaire. Il a mis en avant "l'ampleur relativement inédite" des économies prévues pour 2025, qui pourraient avoir des conséquences négatives sur la croissance, actuellement estimée par le gouvernement à 1,1%. Selon le HCFP, cette prévision néglige l'impact des mesures d'économies sur l'économie.
Bien que le HCFP reconnaisse que le gouvernement "s'efforce de construire un raisonnement faisable", il estime que les informations fournies sont insuffisantes pour évaluer la capacité de l'exécutif à atteindre ses objectifs de prélèvements obligatoires et de freinage de la dépense. Moscovici a même déclaré que les informations au-delà de 2025 sont "inexistantes", appelant le gouvernement à fournir des données plus solides avant la présentation de la trajectoire pluriannuelle le 31 octobre.
Une méthode contestée
Le HCFP a également critiqué la méthode utilisée par le gouvernement pour calculer son effort budgétaire de 60 milliards d'euros pour l'année prochaine. Le gouvernement base ses prévisions sur une évolution tendancielle des dépenses, c’est-à-dire sur la progression attendue si aucune mesure n'est prise. En revanche, le HCFP préconise une approche structurelle, révélant que l’effort budgétaire serait en réalité concentré à 70% sur une hausse de la fiscalité et 30% sur une baisse des dépenses, ce qui contredit l’affirmation de l’exécutif selon laquelle cet effort serait principalement axé sur la réduction des dépenses.