Dans un monde de plus en plus connecté, les ventes de smartphones ont tendance à... chuter. Un paradoxe relevé par le cabinet Canalys qui note une baisse de 17% des ventes lors du dernier trimestre 2022 par rapport à 2021. Une chute inédite sur la dernière décennie et d'autant plus vertigineuse qu'un an auparavant, le marché se portait plutôt bien, boosté par une demande en hausse et la réduction des difficultés d'approvisionnement liées au Covid. Mais l'embellie fut bien éphémère. Plombé par ce quatrième trimestre calamiteux, le marché a reculé de 11% sur l'ensemble de l'année 2022 au cours de laquelle 1,2 milliard de smartphones ont été expédiés.
"Les fournisseurs de smartphones ont lutté dans un environnement macroéconomique difficile tout au long de 2022", fait valoir Runar Bjørhovde, analyste chez Canalys Research. Et de souligner la "prudence" des distributeurs au moment de constituer les nouveaux stocks. "Soutenue par de fortes incitations promotionnelles de la part des fournisseurs, la saison des soldes et des fêtes a contribué à réduire les niveaux de ces stocks", ajoute-t-il. Interrogé par Les Échos, Guillaume Chaigneau, le patron de Xiaomi France, pointe de son côté la durée d'utilisation des smartphones qui tend à s'allonger. "Aujourd'hui, les Français gardent leur téléphone pendant environ trois ans. Cela conduit à un report des ventes".
Pas de rebond en prévision pour 2023
Mais de façon générale, c'est bien la demande globale qui s'est affaissée l'année précédente. "Alors que la demande bas et milieu de gamme a chuté rapidement au cours des trimestres précédents, la demande haut de gamme a commencé à faiblir au quatrième trimestre", détaille Runar Bjørhovde. L'effondrement du marché n'a, en revanche, aucune conséquence sur sa valeur. Elle aurait même tendance à croître, portée par des modèles de plus en plus chers.
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S'agissant des prévisions pour l'année 2023, les experts ne prévoient pas de rebond immédiat. "Les fournisseurs aborderont 2023 avec prudence, en donnant la priorité à la rentabilité et en protégeant les parts de marché. Bien que les pressions inflationnistes s'atténueront progressivement, les effets des hausses de taux d'intérêt, des ralentissements économiques et d'un marché du travail de plus en plus difficile limiteront le potentiel du marché", estime Le Xuan Chiew, analyste chez Canalys Research.