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avec AFP / Crédit photo : Eric Dervaux / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Alors que le Premier ministre Michel Barnier a évoqué dimanche des "prélèvements ciblés sur les personnes fortunées, ou certaines grosses entreprises" pour contribuer à redresser les finances publiques, Patrick Martin, patron du Medef s'est dit "prêt à discuter" d'une hausse d'impôts des entreprises, mais sous conditions.

Le président du Medef Patrick Martin a indiqué lundi que son mouvement était "prêt à discuter" d'une hausse d'impôts des entreprises, mais sous conditions. "Nous sommes prêts à discuter d'une hausse d'impôts des entreprises à deux conditions", explique-t-il dans une interview au Parisien, alors que le Premier ministre Michel Barnier a évoqué dimanche des "prélèvements ciblés sur les personnes fortunées, ou certaines grosses entreprises" pour contribuer à redresser les finances publiques.

Pour Patrick Martin, il faut avoir d'abord "la démonstration que sur l'excès de dépenses publiques, l'État fait des efforts bien supérieurs à ce qu'il demande aux entreprises". Ensuite, que cet effort "n'enraye pas la dynamique d'investissement et de création d'emplois dans une conjoncture économique très fragile". "Nous sommes dans une attitude constructive à l'égard de ce gouvernement", a-t-il assuré, "car nous sommes conscients que la situation des finances publiques est très grave et l'équation politique fragile".

Ne pas aller "chercher les mauvaises économies" 

Il a déclaré néanmoins que les entreprises françaises "supportent le niveau de prélèvements obligatoires fiscaux et sociaux le plus élevé au monde, 364 milliards d'euros par an". Il a aussi remarqué "qu'il y a déjà beaucoup de taxes et impôts qui touchent plus les grandes entreprises", et "qu'il ne faut pas trop tirer sur la corde". Sur toutes les pistes fiscales visant les entreprises, Patrick Martin s'est montré réservé, comme sur une baisse du Crédit d'impôt recherche (CIR).

 

Sur la taxation des rachats d'actions des entreprises, il estime qu'on "peut en parler", mais qu'il vaudrait mieux "encourager leurs investissements profitables". Il évoque aussi le risque de "faire fuir" les investisseurs étrangers avec cette mesure.

Sur d'éventuels rabotages des allègements de charges sur les salaires, Patrick Martin incite le gouvernement à ne pas "aller chercher les mauvaises économies", surtout pour les métiers "exposés à la concurrence internationale", ou les secteurs où les salaires sont en grande majorité bas, et où ces réductions auraient "un effet dévastateur sur l'emploi". Le président du Medef juge également qu'il faut "prendre avec des pincettes" la piste d'une baisse des aides à l'apprentissage, pour les entreprises de taille moyenne à grande, et pour les diplômes supérieurs à la licence.

Soutenir le secteur immobilier

Il craint que ces entreprises n'abaissent "largement" leurs effectifs d'apprentis, et encourage plutôt à aller chercher les économies du côté des "493 agences publiques qui coûtent 91 milliards d'euros et dont, pour certaines, on ne sait plus très bien dire à quoi elles servent". Entre autres pistes, il recommande aussi de s'en prendre à la fraude sociale, au régime social des travailleurs frontaliers qui ne cotisent pas en France, aux effectifs administratifs du système de santé ou à la surréglementation.

Cela pourrait selon lui dégager "plus d'une dizaine de milliards d'euros d'économies qui pourraient être réalisées chaque année sans affecter les ménages ou les entreprises et sans freiner la croissance". Patrick Martin estime par ailleurs qu'il faut trouver un nouveau dispositif fiscal incitatif pour soutenir le secteur immobilier et remplacer le dispositif Pinel. Il ne semble enfin pas inquiet que la nouvelle ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, se soit opposée en tant que députée à la réforme de l'assurance chômage que comptait lancer Gabriel Attal avant la dissolution : "Si elle a accepté de rentrer dans ce gouvernement, c'est qu'elle est alignée avec ce que veut le Premier ministre", déclare Patrick Martin.