Le Medef a demandé lundi une baisse massive des impôts de production en France pour financer les investissements permettant d'atteindre la neutralité des émissions de carbone en 2050. Sur la base d'une étude réalisée par l'institut Rexecode, la première organisation patronale française constate que si les émissions de carbone baissent en France, elles ne le font pas suffisamment vite et qu'un investissement supplémentaire d'environ 10% pour les entreprises et 20% pour les ménages est nécessaire pour atteindre cet objectif de neutralité.
Des baisses d'impôts nécessaires selon le Medef
Cela nécessite que l'investissement total en France, actuellement d'environ 600 milliards d'euros par an (dont 100 milliards pour le secteur public), augmente rapidement de 60 à 80 milliards et se maintienne ensuite à ce niveau, d'après l'institut. Durant les campagnes présidentielle et législative, "on parle peu et mal de transition, mais surtout on évite le sujet qui fâche, qui est de dire que pour transformer l'économie il y a des investissements très significatifs à faire", a affirmé lors d'une conférence de presse commune avec Rexecode le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux.
Pour que les entreprises puissent augmenter de 10% leurs investissements, qui s'élèvent actuellement à 350 milliards d'euros par an, "on demande à être taxés comme dans la moyenne européenne : cela ferait une baisse d'impôts de production de 35 milliards par an, ce qui permettrait de financer cette décarbonation", a précisé Geoffroy Roux de Bézieux.
"Coût de l'inaction climatique très difficile à chiffrer"
Dans son programme pour le nouveau quinquennat, Emmanuel Macron a proposé de supprimer l'un de ces impôts, la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), qui rapporte annuellement 7 milliards d'euros à l'État. Les ménages, dont l'investissement pèse environ 150 milliards d'euros, devraient de leur côté l'augmenter de l'ordre de 20% en rénovant leurs logements pour les rendre moins énergivores et en passant à la mobilité électrique, d'après l'étude.
Mais le Medef souligne que si les particuliers peuvent espérer amortir en cinq ans le surcoût lié à l'achat d'une voiture électrique et entre 10 et 20 ans l'isolation de leur logement, les investissements pour les entreprises sont souvent des "coûts purs". Geoffroy Roux de Bézieux soutient qu'il y a "un coût de l'inaction climatique très difficile à chiffrer, mais qui se situe en centaines de milliards". "Pour nous, ce n'est pas une alternative viable", ajoute-t-il.