Un conseil d'administration doit décider jeudi de l'avenir du groupe Renault, ébranlé par l'arrestation surprise de son PDG, Carlos Ghosn. Sauf énorme surprise, c'est un tandem qui devrait le remplacer : Jean-Dominique Senard, actuel PDG de Michelin, au poste de président du conseil d'administration de Renault, et Thierry Bolloré, en tant que directeur général du constructeur, soit un "découpage" du poste de Carlos Ghosn, qui a démissionné de son poste, comme l'a confirmé Bruno Le Maire jeudi matin.
"Je n'ai pas une tête d'intérimaire". Jusque-là, Carlos Ghosn dirigeait seul et d'une main de maître Renault. À partir de vendredi, son poste sera donc coupé en deux. Jean-Dominique Sénard va prendre la tête du conseil d'administration. "Je vais essayer de servir l'entreprise", glisse l'intéressé. À bientôt 66 ans, le futur ex-patron de Michelin compte bien s'investir. "Je n'ai pas une tête d'intérimaire", confirme-t-il à Europe 1. Son profil a séduit, et il était libre : Jean-Dominique Senard quitte Michelin dans quelques semaines. Ce spécialiste de l'automobile connait bien le Japon, et a l'image d'un patron plutôt social.
Il devra faire preuve de beaucoup de persuasion et de tact pour pacifier les relations avec le partenaire Nissan. "Il y a des grands chantiers à mener à la suite de la situation de monsieur Ghosn, comme retravailler sur la gouvernance principalement de l'alliance", avertit Bruno Azière, le secrétaire général de la CFE-CGC. Le premier syndicat de l'entreprise voit toutefois d'un bon œil la mise en place d'un duo exécutif.
"Une certaine continuité rassurante". Pour mener à bien sa mission, Jean-Dominique Senard sera épaulé par Thierry Bolloré. Dauphin de Carlos Ghosn chez Renault, il connait très bien la maison. C'est lui qui dirigera au quotidien le constructeur français, et ce n'est pas une mince affaire ; Renault doit faire face aux nouvelles normes d'homologation et préparer l'avenir. Bruno Azière salue dans cette décision "une certaine continuité rassurante". "Monsieur Bolloré est présent dans l'entreprise, puisqu'il est directeur général adjoints depuis le début de l'année dernière", rappelle-t-il. "Il est à l'origine, avec monsieur Ghosn, de la construction du plan à moyen terme de l'entreprise, qu'il faudra peut-être ajuster à la marge mais qu'il ne faut pas casser."
D'ici là, le conseil d'administration de Renault va devoir trancher une question très sensible. Quel sera le package de départ de Carlos Ghosn ? Une affaire qui pourrait se monter à plusieurs millions d'euros.
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