Le pouvoir d’achat reste dans le top 3 des préoccupations des Français cette année. C’est le résultat d’un sondage Ipsos pour le CESE. Si l’inflation commence enfin à ralentir, elle est restée élevée pendant plusieurs mois et les salariés en ont fait les frais. L’année dernière, les rémunérations dans le privé ont augmenté moins vite que les prix, selon l’INSEE. Autrement dit : le pouvoir d’achat des salariés a diminué et en particulier celui des cadres.
L'inflation "encore forte"
Le pouvoir d'achat des salariés a diminué en 2023 même si c'est dans une moindre mesure pour les bas salaires, selon une étude de l'Insee publiée mercredi, alors que les négociations annuelles obligatoires se tiennent dans nombre d'entreprises. "En 2023, un salarié du secteur privé gagne en moyenne 2.735 euros nets par mois en équivalent temps plein (EQTP)", souligne l'Insee dans sa note, un salaire qui "a augmenté de 4% pour le net".
Mais avec une inflation "encore forte" (+4,9 % en 2023, après +5,2 % en 2022) et des primes qui ont "légèrement reculé", "le salaire net moyen a diminué de 0,8 % en euros constants, après -1% en 2022", selon l'Insee. Les cadres le ressentent particulièrement. L’année dernière, un cadre du privé a touché, en moyenne, 4.573 euros nets par mois… Une centaine d’euros de plus qu’en 2022. Autrement dit, dans le privé, le pouvoir d’achat des cadres lié directement à leur salaire, sans prendre en compte d’autres revenus, s’est dégradé de quasiment 3%.
Les cadres particulièrement touchés
"Mon salaire est de 3.400 euros nets. Je n’ai pas eu d’augmentation l’an passé, on est loin du compte par rapport à l’inflation. Et ce qui est surtout à déplorer, c’est qu’il n’y a pas de rattrapage depuis 3 ans, depuis le Covid", rapporte Céline, salariée d’une grande entreprise de télécoms. En 2022 et en 2021 déjà, le pouvoir d’achat des cadres s’était déjà étiolé. Et ce, dans des proportions plus importantes que pour les autres catégories socio professionnelles…
A titre de comparaison, les ouvriers ont vu leur pouvoir d’achat rester quasi stable l’année dernière, en baisse de 0,3%. D'après Mathilde Gérardin, responsable de la section salaires à l’INSEE, "les cadres se situent plutôt en haut de l’échelle salariale, qui ne bénéficie pas directement des revalorisations du SMIC à hauteur de l’inflation, comme ça peut être le cas pour les plus bas salaires. Et même si l’inflation commence enfin à ralentir, les cadres devront encore patienter quelques mois avant de récupérer les pertes subies ces dernières années.
Le salaire net moyen "a diminué pour toutes les catégories socioprofessionnelles, particulièrement pour les cadres (-2,8 %), alors que la baisse est plus modérée pour les ouvriers et employés (respectivement -0,3 % et -0,5 %)" grâce aux revalorisations du Smic, qui sont fonction de l'inflation, poursuit la note. C'est pour les cadres que "le décrochage des salaires vis-à-vis de l'inflation est le plus marqué", ajoute l'Insee, qui relève que "les inégalités salariales ont continué de diminuer."