L'info. La cinquantaine de salariés de la société coopérative qui a repris l'usine Fralib de Gémenos, près de Marseille, ont présenté mardi leur marque de thés et d'infusions, baptisée "1.336". "C'est le nombre de jours de lutte qu'il nous a fallu pour obtenir un accord face à Unilever", a expliqué lors de la présentation de la marque Olivier Leberquier, un des représentants CGT, devenu directeur général adjoint de la Société coopérative provençale des thés et infusions (Scop Ti). Pour filer la métaphore, c'est donc à 13h36 précises que les salariés ont dévoilé leur nouveau produit et le slogan qui l'accompagne : éveiller les consciences, réveiller les papilles.
"1.336", tout un symbole. Outre "1.336", qui sera destinée à la grande distribution, les coopérateurs ont également dévoilé la marque "Scop Ti" du nom de leur société, qui sera distribuée dans "la filière bio et les réseaux spécialisés", ont-ils expliqué. "On est condamné à réussir", a lancé un autre représentant CGT, Gérard Cazorla, devant la presse et plus d'une centaine de sympathisants et de militants syndicaux et politiques qui ont soutenu pendant quatre ans ces ex-salariés de la multinationale Unilever, devenus des symboles de la lutte contre les délocalisations.
Travail tout l'été. Gérard Cazorla, qui est aujourd'hui président du conseil d'administration de la Scop, annonce que les "premiers emballages seront reçus en juin/juillet" et que les coopérateurs "vont travailler tout l'été" pour que les produits puissent être commercialisés à l'automne. Pour la première année, ils prévoient une production d'une cinquantaine de tonnes sous la marque "1336" avec une quinzaine de parfums, la même quantité pour le secteur bio sous la marque "Scop Ti" avec une dizaine de références. 150 tonnes devraient également être produites sous des marques de distributeurs (MDD), M. Cazorla précisant que les contacts étaient "très avancés avec un groupe de distribution", tandis qu'ils débutaient avec un deuxième réseau.
"Une belle victoire". Sur les 182 employés que comptait le site de Gémenos à sa fermeture par la multinationale Unilever en 2011, 57 ont choisi de tenter l'aventure en devenant coopérateurs, comme Omar, délégué CGT ex-cariste qui a repris les études pour travailler aux ressources humaines : "Ça a été une galère incroyable. J'ai vu les copains devenir dépressifs. Mais nous, aujourd'hui, on va mettre l'humain au centre de l'entreprise", se réjouit-il. Pendant près de quatre ans, ces salariés se sont battus pour que leur outil de production ne soit pas envoyé sur d'autres sites du groupe anglo-néerlandais. Jour et nuit, ils ont veillé sur leurs machines, arrachant en mai 2014 à Unilever un accord de fin de conflit, d'un montant total de 19,26 millions d'euros pour pouvoir monter leur projet. "C'est l'une de mes plus belles victoires", a avoué mardi à Gémenos l'avocat des salariés, Maître Amine Ghenim, qui a fait annuler successivement trois plans sociaux et mené une quarantaine de procédures croisées.