À l'unanimité, l'Assemblée nationale a voté jeudi soir des mesures contre le gaspillage alimentaire. Le principe : empêcher les grandes surfaces de jeter de la nourriture. Il sera donc bientôt interdit aux distributeurs du secteur alimentaire de rendre leurs invendus impropres à la consommation. "Voir de l'eau de Javel déversée sur les poubelles des grandes surfaces avec des aliments consommables, ça scandalise", a commenté Guillaume Garot, le député PS à l'origine des amendements.
Ce que la loi va changer. Les amendements, votés dans la loi sur la transition énergétique, actuellement en seconde lecture à l'Assemblée, imposent aux grandes surfaces de prévenir tout gaspillage, ou à défaut d'utiliser leurs invendus, au travers de dons, pour l'alimentation animale ou en réalisant du compost. Les moyennes et grandes surfaces de plus de 400 mètres carrés auront même l'obligation de conclure une convention avec une association caritative, afin de faciliter les dons alimentaires.
La grande distribution indignée. La grande distribution s'inquiète notamment des contraintes de temps et financières que risque d'entraîner ce nouveau texte. "La loi se trompe à la fois de cible et de sujet, en visant la grande distribution, qui ne représente que 5% du gaspillage alimentaire, et en créant de nouvelles formalités", a pour sa part regretté dans un communiqué Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du Commerce et de la Distribution. "Nous sommes les premiers donateurs et plus de 4.500 magasins ont signé des conventions avec des associations humanitaires (...) Nous allons réunir en urgence les associations avec lesquelles nous travaillons pour examiner ensemble les conséquences de ces dispositions", a-t-il insisté.
"Encore beaucoup à faire". La loi ne concerne toutefois pas que la grande distribution. La lutte contre le gaspillage alimentaire sera également intégrée à l'éducation à l'alimentation durant le parcours scolaire.
Aujourd'hui, on estime que chaque Français jette en moyenne 20 à 30 kilos de nourriture par an, ce qui représente une somme de 12 à 20 milliards d'euros en un an. Une fois ces mesures anti-gaspillage entrées en vigueur, "il restera encore beaucoup à faire", estime ainsi Guillaume Garot, citant la mobilisation des collectivités locales, la formation des professionnels et la sensibilisation des consommateurs. Le gouvernement s'était fixé dès 2012 un objectif de division par deux du gaspillage alimentaire d'ici 2025.