Verser une prime défiscalisée à tous ceux qui gagnent moins de trois fois le SMIC. Un dispositif alléchant sur le papier, mais qui sème la division dans le monde de l'entreprise. Dans le projet de loi présenté jeudi dernier, le gouvernement pérennise et triple la prime PEPA, la prime exceptionnelle pour le pouvoir d’achat. Ce sont bien les employeurs qui la verseront et non pas l’État, mais tout dépendra de la taille de l'entreprise.
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Du côté des PME, on se dit très favorable à ce dispositif extrêmement facile à mettre en place, dès lors qu’elles en ont les moyens. Cette défiscalisation séduit tout particulièrement. Selon François Asselin, le président de la Confédération des Petites et des Moyennes Entreprises, cette prime leur est d’autant plus adressée que la majorité des salariés des PME gagnent moins de 3 fois le SMIC. "Le salaire médian en France est nettement en dessous de trois fois le SMIC, donc ça va concerner beaucoup de salariés, plus de 4 millions d'entre eux ont pu en bénéficier l’année dernière", note-t-il.
Un problème pour la cohésion des équipes ?
Du côté des grands groupes, en revanche, l'enthousiasme n'est pas réellement au rendez-vous. Le niveau de rémunération est souvent bien supérieur à trois SMIC. Par conséquent, leurs dirigeants sont très réticents à l’idée de ne gratifier qu’une partie de leurs équipes.
Pour Matthieu Rosy, le délégué général de la Syntec, la fédération qui représente 1,2 million de salariés en France et 90.000 entreprises de secteurs comme le numérique, cela pourrait créer un sentiment d’iniquité préjudiciable à l’entreprise. "Cela peut vraiment poser des problèmes à un chef d’entreprise qui s’efforce au maximum de maintenir la cohésion de ses équipes et de maintenir la structure de la rémunération", alerte-t-il.
En effet, la structure de la rémunération pourrait être perturbée. Cette prime permettrait, dans certains cas, à ses bénéficiaires de gagner plus que les salariés qui en sont exclus.