C'est un pavé dans la mare que viennent de jeter la Cour régionale des comptes (CRC) et le Conseil économique et social régional (CESER). Chaque instance a rendu un rapport qui épingle les conditions d'accueil au Mont Saint Michel et leur financement. "Une série de dysfonctionnements et de problèmes ressort de manière récurrente au sujet de l'accueil touristique" sur ce site classé au patrimoine mondial de l'Unesco, constate le CESER dans une "contribution" de décembre 2017.
Prestations des commerçants "décriée", axes routiers "encombrés"… Le conseil évoque notamment des "navettes surchargées", des "axes routiers régulièrement encombrés", une "qualité des prestations offertes par les commerçants du Mont (restaurants, hébergements, boutiques de souvenirs, musées privés) fréquemment décriée". Si "des pistes d'amélioration" sont en cours d'étude, "il apparaît que la qualité de la prestation offerte n'est pas à la hauteur de la renommée mondiale du site", résume le CESER, admettant toutefois que le projet de rétablissement du caractère maritime du Mont (RCM) apparaît comme "une réussite esthétique".
Navettes déficitaires. Nombre de ces difficultés sont liées au fait que les collectivités locales ont choisi de confier en 2009 la gestion des navettes menant de la côte au mont à une entreprise privée (Transdev, détenue à 70% par la Caisse des dépôts, et à 30% par Veolia), "choix peu judicieux", a estimé une mission interministérielle, souligne le CESER. Ces navettes sont déficitaires.
Le problème du barrage. La CRC s'inquiète de son côté d'un "défaut de financement de l'entretien des ouvrages hydrauliques" (barrage) qui est "susceptible de compromettre le fonctionnement du site". Cet entretien est évalué à 2,5 millions d'euros par an. Car, pour que le mont redevienne une île lors de certaines grandes marées, un barrage a été construit en amont sur le Couesnon, rivière qui enlace le mont. L'eau retenue est lâchée quotidiennement sur le rocher pour le désensabler et permettre à la mer de l'entourer plus souvent.