Les trains de nuit et plusieurs dessertes du réseau Intercités sont sur la sellette, selon un rapport commandé par le ministère des Transports que s'est procuré Le Parisien/Aujourd'hui-en-France. Les trains Intercités ou "Trains d'équilibre du territoire (TET)", selon l'appellation officielle (c'est-à-dire les ex-Corail et Téoz) circulent de jour comme de nuit. Entre le TGV et le TER (ceux qui ne circulent qu'au sein d'une même région), ces 325 TET desservent quotidiennement plus de 300 destinations en France sur plus de 40 lignes, selon la SNCF. Environ 100.000 passagers les utilisent tous les jours. Mais ce n'est visiblement pas suffisant pour en assurer la pérennité.
Des dessertes doivent être "abandonnées". La commission d'élus et experts auteurs du rapport, présidée par le député (PS) Philippe Duron, dresse un constat sévère de l'état du réseau Intercités. Il dénonce "une qualité de l'offre continuellement dégradée, des temps de parcours sensiblement augmentés, une régularité qui a régressé", écrit le quotidien. Qui poursuit : "le document préconise d'abandonner plusieurs trains de nuit et des dessertes trop coûteuses", annonce Le Parisien.
Quelques lignes condamnées, d'autres à découper. Dans le détail, la commission préconise de supprimer les Intercités sur cinq tronçons de lignes, sur lesquelles il existe des dessertes TGV ou TER : Toulouse-Cerbère, Quimper-Nantes, Bordeaux-Toulouse, Marseille-Nice et Saint-Quentin-Cambrai.
Les lignes Toulouse-Hendaye et Clermont-Ferrand-Béziers devraient également être transférées sur des autocars, selon le rapport, qui constate que ces liaisons sont également assurées par des TER. Ainsi, les TER conserveraient les liaisons de courte distance, tandis que les déplacements plus directs entre grandes agglomérations se feraient sur route, grâce à la présence dans ces deux cas d'une "infrastructure autoroutière de très bonne qualité".
Le rapport préconise également de ne conserver que quatre lignes de trains Intercités de nuit : celles entre Paris et Briançon, Rodez, Toulouse et Latour-de-Carol, estimant les autres trop coûteuses et pouvant être substituées par des liaisons existantes, plus rapides par train ou avion, ou de nuit par autocar.
Aussi des lignes à renforcer. A l'inverse, le rapport préconise "un renforcement de l'offre ferroviaire (...) associé à une meilleure utilisation du matériel roulant", sur des "les lignes dont le résultat économique est aujourd'hui en-deçà de leur potentiel réel", entre autres, Paris-Clermont-Ferrand, Paris-Amiens, Nantes-Lyon, Paris-Limoges, Paris-Caen ou encore Bordeaux-Marseille.
Les élus régionaux serrent les dents. Une autre pistes envisagée par le rapport serait de faire basculer certaines lignes Intercités vers des lignes TER, à la charge des régions. Ce que redoutent tous les élus. "Ces trains sont un usage quotidien indispensable. C'est un service public. Or, on ne peut pas transposer aux régions un service déficitaire", s'inquiète ainsi Laurent Beauvais, le président PS de la région Basse-Normandie. Qui enchaîne : "les régions subissent déjà une baisse de dotation. Elles ont déjà du mal à assurer leur propre réseau ferroviaire. Alourdir leur charge ne me semble pas une bonne idée".