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Jean-Luc Boujon (correspondant à Lyon) / Crédit photo : JOEL SAGET / AFP
Le Plan épargne retraite (PER) a déjà séduit 10 millions de Français avec une rente récupérée une fois la retraite arrivée, avec en prime des déductions fiscales attractives pour les épargnants, mais coûteuse pour l'État soit presque 2 milliards d'euros par an. Avec cet éventuel coup de rabot, comment réagissent les détenteurs de ce plan d'épargne ?

L'épargne-retraite va-t-elle devenir moins avantageuse ? La question se pose depuis que la Cour des comptes a rendu, la semaine dernière, un rapport préconisant la réduction des avantages fiscaux du Plan épargne retraite (PER), créé en 2019. Un dispositif qui permet aux actifs de placer de l'argent qui est bloqué jusqu'à la retraite, mais qui donne droit à des déductions fiscales.

Mais ces déductions coûteraient cher à l'État : presque 2 milliards d'euros par an, selon les sages de la rue Cambon. D'où l'idée de les réduire. Surtout dans un contexte où le gouvernement doit faire des économies. Alors comment réagissent les détenteurs de PER ?

Des personnes relativisent

David, commercial de 31 ans, a ouvert un PER il y a cinq ans, sur lequel il place 200 euros par mois, déductibles des impôts. Son objectif premier est de se constituer un pécule pour la retraite. Du coup, pour lui, les avantages fiscaux sont secondaires. Et s'ils doivent être réduits, ce n'est pas si grave.

"Ça ne me choque pas tant que ça. Je préfère qu'ils s'attaquent au PER plutôt qu'à l'impôt direct des Français. Parce que je pense que ceux qui essaient de mettre de côté via le PER, ce sont déjà des gens qui ont les moyens de la faire. Donc c'est une meilleure cible que ceux qui n'ont pas les moyens et qui paient déjà trop d'impôts", pointe-t-il.

"On est gouverné par des incompétents"

Nicolas, antiquaire de 50 ans, pense exactement le contraire : il a l'impression qu'on veut lui faire les poches. "On est gouverné par des incompétents, le niveau a baissé. Donc, ils vont taper là où il y a encore un peu de fric. C'est injuste, mais que voulez-vous y faire ?", se questionne l'antiquaire.

Même sentiment d'indignation chez François. Pour lui, on veut pénaliser les gens prévoyants. "Sur un produit d'épargne, on vient encore ponctionner, taxer. Ce sont toujours les mêmes qui paient : les personnes qui investissent, qui capitalisent, se font de plus en plus ponctionner. Et donc, il arrive un moment où ça déborde : stop au matraquage fiscal", déplore-t-il.

Dans ces conditions, pas sûr que François conserve son PER. Pour l'instant, le gouvernement n'a pas dit s'il comptait suivre cette piste. Qui pourrait tout de même lui permettre d'économiser 1,8 milliard d'euros par an.