C'est le premier round de négociation post-référendum. Mardi se tient à Bruxelles un Eurogroupe des ministres des Finances de la zone euro, suivi d'une réunion des dirigeants de l'Union européenne dans la foulée. L'enjeu est toujours le même : la Grèce estime avoir encore besoin de l'argent de ses créanciers pendant deux ans. Mais ces derniers (FMI, BCE et pays européens) refusent de prêter davantage sans concession. Dimanche, le peuple grec a rejeté les exigences des prêteurs d'Athènes. La balle est désormais dans le camp du gouvernement grec, qui planche sur de nouvelles réformes. Et pour l'heure, le compte n'y est pas.
Le couple Hollande-Merkel menacé? Le président français rencontrait lundi soir à Paris la chancelière allemande. Le message commun est le même : c'est à Alexis Tsipras, Premier ministre grec, de faire des propositions. Mais le ton n'est pas le même entre Berlin et Paris. La France se montre prête à alléger la dette grecque si les réformes sont sérieuses. "Les conditions d'un débat sont réunis. Il faut être à la hauteur de ce moment historique", a déclaré Manuel Valls mardi sur RTL. "L'équilibre entre la solidarité et la responsabilité doit être notre ligne de conduite" dans les prochains jours, a également déclaré François Hollande lundi soir.
Mais du côté de l'Allemagne, on attend plus de "responsabilité" que de " solidarité". "Nous avons déjà fait preuve de beaucoup de solidarité avec la Grèce, la dernière proposition était déjà très généreuse", a fait savoir Angela Merkel lundi soir. Elle attend désormais d'Athènes des "propositions tout à fait précises". Contrairement à Manuel Valls, la chancelière estime que "les conditions préalables pour entrer en négociations pour un nouveau programme d'aide à la Grèce ne sont pas encore réunies". C'est sur "les propositions" et non les "personnes", que l'Allemagne attend des avancées, poursuit la chancellerie, en référence à la démission du très controversé ministres Finances, Yanis Varoufakis.
Mardi, c'est le ministre de l'Economie allemand qui en a remis une couche, très sévère. "L'élite grecque a pillé le pays pendant des années et les Européens se sont contentés de la regarder faire", Sigmar Gabriel.
Tsipras acculé… et par plus pauvre que lui. La partie semble mal engagée pour Alexis Tsipras. Car Angela Merkel est loin d'être seule à estimer que les créanciers ont déjà fait tout ce qu'ils pouvaient. "La Grèce a en face d'elle trois camps : les riches (l'Allemagne, la Finlande, l'Autriche...), qui en ont marre d'aider tout le monde. Ceux qui se sont appauvris, qui ont fait des efforts, et se demandent pourquoi les Grecs n'en feraient pas autant (Espagne, Portugal). Et il y a les pauvres, les pays de l'Europe centrale, encore plus pauvres que la Grèce, qui ne comprennent pas pourquoi ils prêtent de l'argent qui ne sert à rien", analysait lundi sur Europe 1 Yves Bertoncini, le directeur de l'Institut d'étude sur l'Europe Jacques Delors. Une analyse confirmée un peu plus tard par un tweet, énervé, du président estonien Toomas Hendrick Ilves : "il faut songer à tous les créditeurs. Les pays plus pauvres que la Grèce risquent de perdre jusqu'à 4,2% de leur PIB !".
"Nous œuvrons au scénario où nous pourrons parvenir à un accord mais si la confiance n'est pas restaurée et s'il n'y a pas de paquet crédible de réformes en place, une sortie de la zone euro ne pourra être exclu", a résumé mardi Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne en charge de l'euro.
La Grèce n'aurait pas de nouvelles propositions. La Grèce demande un allègement de la dette de 30% et nouveau plan d'aide sur deux ans, le temps de restructurer sa dette et relancer l'économie. Pour compenser, elle pourrait annoncer de nouvelles mesures fiscales "dures", selon le ministre hellène de la Fonction publique et de la Réforme administrative, George Katrougalos, interviewé mardi sur Europe 1. "C'est aux plus riches à faire des efforts. Ce qu'on demande, c'est que les exilés grecs payent eux aussi car des Grecs sont devenus plus riches pendant la crise".
Reste à savoir ce que Tsipras proposera pour la TVA, que les créanciers veulent voir augmenter à 23% dans la restauration, ou encore les retraites, principaux points d'achoppement avant le référendum. Et selon le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, les propositions ne seront guère différentes de celle formulée la semaine dernière : maintien d'une TVA réduite dans les îles grecques, TVA à 13% pas plus dans la restauration, des coupes limitées dans le budget de la défense.