Les agriculteurs entrent dans la dernière ligne droite des négociations commerciales annuelles avec la grande distribution et les industriels de l'agroalimentaire. Un moment crucial car les prix fixés lors de ces négociations détermineront leur futur salaire. C'est pour leur assurer une juste rémunération, que la loi Egalim avait été votée il y a deux ans à l'Assemblée nationale. Pour Émilie Jannin, éleveuse de charolaises en Côte d'Or, c’est un bon texte mais il subsiste un problème majeur : il ne prévoit pas de sanctions.
"Il n'y a pas d'amendes prévues"
Pour expliquer son propos, elle prend l’exemple du code de la route : "Il y a un code de la route qui définit des choses qu'on doit faire et qu'on n'a pas faire. Quand on fait les choses qu'on ne doit pas faire, on a des PV et on a des amendes à payer. Concrètement, pour les distributeurs, c'est pareil. On a écrit des intentions, c'est à dire un code de bonne déontologie dans la loi Egalim. Sauf qu'il n'y a pas de PV ni d'amendes prévus s'ils ne respectent pas le code écrit dans la loi", développe l’éleveuse au micro d’Europe1.
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Une loi peu respectée et des prix qui s'envolent
La loi Egalim est donc peu respectée et les prix s'envolent. "Mon litre de lait part de ma ferme à peu près autour de 50 centimes d’euros. En grande surface, on le retrouve à plus de deux euros. Qui se sert entre les deux ? Je ne sais pas", s’interroge de son côté Charlotte Kerglonou, productrice du lait bio en Ille-et-Vilaine. Le prix est multiplié par plus de quatre entre la ferme et le supermarché, loin de la juste répartition des richesses que Julien Denormandie, le ministre de l'Agriculture, promet pour cette année.
Samedi sur Europe 1, le ministre avait également pointé du doigt le rôle des consommateurs. Il estime que la bataille pour revaloriser la rémunération des agriculteurs ne se mène pas seulement auprès des industriels et de la grande distribution, mais aussi auprès des consommateurs. "Que chacun d'entre nous, dans son acte de consommation, qui est un acte citoyen, considère la qualité des produits agricoles français et accepte de les payer à leur juste valeur", avait-il plaidé.