Après s'être mis en retrait, l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault est revenu sur le devant de la scène à la rentrée en déposant un amendement en faveur d'une réforme fiscale. Son objectif ? Instaurer un "impôt citoyen sur le revenu" fusionnant l'impôt sur le revenu et la contribution sociale généralisée (CSG) afin de rendre l'imposition plus progressive. Invité d'Europe 1 mardi, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron n'a pas caché son scepticisme sur le sujet, invoquant la "stabilité sur le plan fiscal".
Cette réforme fiscale que propose Ayrault. Le gouvernement avait à peine annoncé son intention d'instaurer le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu que Jean-François Ayrault s'emparait du sujet. A ses yeux, cette réforme est l'occasion idéale d'en lancer une autre : la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG. Car si l'impôt sur le revenu est progressif, ce n'est pas le cas de la CSG, qui sert à financer le système de sécurité sociale : cette dernière est proportionnelle, si bien que tout le monde paie le même pourcentage quel que soit son niveau de revenu.
L'ancien Premier ministre a donc profité de cette fenêtre de tir pour déposer un amendement parlementaire. Ce dernier propose de fusionner l'impôt sur le revenu et la CSG pour rendre l'imposition générale plus progressive. Mais si sur le papier cette mesure vise à instaurer davantage de justice sociale vis-à-vis de l'impôt, elle représente un véritable casse-tête tant le système fiscal français a été construit par couches successives. En clair, il faudrait revoir le système d'imposition de fond en comble pour réaliser cette fusion, un chantier qui prendrait des années.
Macron préfère la "stabilité fiscale". "Il y a eu toute une réflexion sur le rapprochement entre la CSG et l’impôt sur le revenu", a confirmé Emmanuel Macron, mardi sur Europe 1. Mais cette option a été écartée car jugée trop complexe et incertaine en termes de résultat final. "Je suis pour une forme de stabilité sur le plan fiscal. Je pense qu’il faut continuer la baisse de manière crédible, durable, expliquée et perceptible", a réagi le ministre de l'Economie.
Et ce dernier de défendre le système actuel de calcul de la CSG, "un impôt dont la base est large et le taux relativement bas a des vertus. C’est d’ailleurs pour cela que la CSG avait été inventée". "Je pense que la CSG a un intérêt : tout le monde contribue à un taux qui est limité et je suis attaché à ce principe", a-t-il déclaré, avant de montrer qu'une telle réforme fiscale pourrait virer au casse-tête fiscal. "Je pense que si on commence à rapprocher la CSG de l’impôt sur le revenu, on aura le même problème : progressivement, on supprimera la CSG pour les revenus les plus faibles et certains revenus de remplacement, ce qui sera difficilement explicable aux Françaises et Français qui travaillent. Et puis on augmentera la CSG pour les revenus les plus élevés et cela s’appellera l’impôt sur les revenus en quelques années. Et puis on créera des niches pour cet impôt parce qu’on dira 'il y a des gens qui travaillent mais pour eux peut-être qu’on pourrait l’alléger pour eux'".