Europe 1 a enquêté lundi à l'occasion de la Journée internationale du droits des femmes et le constat est sans appel : les grandes entreprises françaises manquent encore cruellement de femmes à leur tête, alors même que les entreprises dirigées par des femmes sont plus compétitives que celles des hommes. Geoffroy Roux de Bézieux, patron du Medef, a déploré ce manque sur notre antenne. "On manque de dirigeantes emblématiques. On a un problème en France au niveau des directions qu'il faut traiter, et pas simplement pour un sujet d’égalité, mais aussi d’efficacité", a-t-il lancé.
Égalité et productivité
Selon lui, comme le montre notre enquête, "des études montrent que les entreprises qui intègrent mieux les femmes et donnent leur chance aux femmes en postes de direction sont plus performantes. Alors qu'une douzaine d'entreprises du CAC40 n'ont aucune femme dans leur comité exécutif (comex), révèle l’index d’égalité femmes-hommes publié lundi matin par le ministère du Travail, "ce n’est pas normal du point de vue du droit et pas efficace du point de vue de l'entreprise", a martelé Geoffroy Roux de Bézieux. "C’est aussi pour des raisons de performance de l’entreprise qu’il faut avancer".
Et s'il "faut avancer" sur la question, il n'est toutefois pas possible selon lui de "copier-coller" la loi Copé-Zimmerman qui impose des quotas de femmes dans les conseils d’administration et de surveillance et a permis à la France d'être "la mieux placée dans les classements internationaux sur ce sujet".
"Si on licencie des hommes pour faire de la place aux femmes, il y a un souci de légalité"
"Ce n’est pas possible car dans un comex, il n'y a pas de turnover naturel, il faut que les gens démissionnent ou soient licenciés", précise Geoffroy Roux de Bézieux, contrairement aux conseils d'administration qui changent tous les trois ans. "Et si on licencie des hommes pour faire de la place aux femmes, il y a un souci de légalité".
Selon le patron du Medef, il faut donc "trouver d’autres méthodes". "On travaille avec Élisabeth Borne sur un index sur les 10% de cadres dirigeants pour les féminiser le plus rapidement possible, en tenant compte de la situation de départ des entreprises", a-t-il assuré.
Chaque année, les entreprises de plus de 50 salariés doivent publier leur index d’égalité professionnelle noté sur 100. Les entreprises avec une note inférieure à 75 doivent l'améliorer, au risque de devoir payer une amende. Selon l'index d'égalité femmes-hommes, publié par le ministère du Travail, la note toutes entreprises confondues s’établit à 85 points sur 100 en 2020, contre 84 points en 2019. L'obligation d’augmenter le salaire des femmes qui reviennent d’un congé maternité n'est pas assez respectée, et la présence des femmes parmi les 10 plus hautes rémunérations d'entreprises est trop faible, selon cet index.