Entre 224.000 et 500.000 personnes ont manifesté mercredi à travers toute la France pour dénoncer le projet de loi porté par Myriam El Khomri. "Il y a une mobilisation, elle est là, il faut l'entendre", a réagi la ministre du Travail, jeudi sur France Info. Et cette dernière d'assurer qu'elle est "dans une démarche de dialogue, d'écoute". Le gouvernement est en effet loin d'en avoir fini avec les consultations, mais aussi avec les journées de mobilisation, comme le montre le programme des prochaines semaines.
Les partenaires sociaux conviés lundi à Matignon. Après les avoir reçus individuellement depuis le début du mois de mars, le gouvernement a donné rendez-vous aux partenaires sociaux lundi 14 mars à 16 heures. Il doit alors dévoiler une nouvelle version de son projet de loi tenant compte des critiques de chacun. Reste à savoir si cette version amendée de la loi El Khomri fera bouger les lignes.
Les mouvements de jeunes également consultés. En plus de devoir négocier avec les partenaires sociaux, le gouvernement doit depuis peu prendre en compte les syndicats étudiants, qui participent désormais aux manifestations. Et pour ne rien arranger, même le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) a appelé à manifester et s’est donc désolidarisé du gouvernement. C’est pourquoi Manuel Valls "va recevoir les organisations de jeunesse assez rapidement" dans les "prochains jours", a annoncé jeudi sur France 2 la ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem. D’après BFM-TV, cette rencontre se tiendra ce vendredi.
Et sur le front politique ? La présence d’une quinzaine de parlementaires PS frondeurs au sein du cortège parisien a confirmé que le gouvernement aurait du mal à obtenir le soutien plein et entier de sa propre majorité. Ce qu’a bien montré la tribune au vitriol publiée fin février par la maire de Lille et 17 personnalités de gauche. "C'est toute "la construction des relations sociales de notre pays qui est mise à bas en renversant la hiérarchie des normes (…). Pas ça, pas nous, pas la gauche !", martèlent les signataires de ce texte. Le PS va donc devoir faire les intermédiaires entre le gouvernement et des frondeurs très attentifs aux évolutions envisagées.
Les modifications envisagées pour faire bouger les lignes. Ces nouvelles rencontres doivent permettre à la ministre du Travail et au gouvernement de tester certaines pistes envisagées pour rendre le projet de loi El Khomri moins urticant pour les syndicats.
Pour rappel, ces derniers sont vent debout contre plusieurs mesures : l’instauration d’un barème prud’homal, la réforme des licenciements économiques, ou encore la primauté qui serait accordée aux accords d’entreprise sur les accords de branches. Le ministère du Travail et Matignon planchent donc sur des modifications pour rendre la potion moins amère, sans oublier la promesse de nouvelles contreparties taillées sur mesure pour plaire aux syndicats : l’instauration d’un compte épargne-temps qui pourrait compléter le compte personnel d’activité, ou encore une surtaxation des contrats courts par rapport aux CDI.
De nouvelles manifestations sont déjà prévues. Le gouvernement a beau avoir promis de prendre en compte leurs remarques, les syndicats estiment qu’ils doivent maintenir la pression pour pouvoir peser dans les débats. La journée de contestation organisée mercredi, "c'est comme un apéro avant le plat de consistance", a d’ailleurs prévenu le leader de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly.
Plusieurs journées de mobilisation ont d’ores et déjà été programmées par les syndicats. Les syndicats "réformistes" (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa) et la Fage (étudiants) organisent une journée d’action le samedi 12 mars prochain. De son côté, le syndicat étudiant Unef a appelé les étudiants à une nouvelle journée de mobilisation le jeudi 17 mars. Puis ce sera à nouveau au tour de la CGT et de FO de descendre dans la rue le 31 mars prochain.
Clap de fin le 24 mars ? Si tout se déroule comme l’espère le gouvernement, "l’avant-projet de loi sur les nouvelles protections pour les entreprises et les salariés" sera présenté officiellement en conseil des ministres le 24 mars. C’est alors que débutera le débat parlementaire.