Les retraités se mobilisent pour une journée d'action contre la baisse des pensions, en raison selon eux de la hausse de la CSG. À Paris, le cortège partira de Montparnasse à 14h30, mais des manifestations sont également prévues dans le reste de la France. Emmanuel Macron a été directement interpellé sur ce sujet mercredi, lors de son déplacement à Tours. "J'assume", a-t-il lancé, en plaidant pour un coup de pouce destiné à relancer "l'économie et les actifs". Le gouvernement, qui doit gérer cette colère, veut donc rester droit dans ses bottes.
Gérald Darmanin prêt à déminer les inquiétudes. Le choix qui a été fait par Emmanuel Macron, et expliqué pendant la campagne présidentielle, est bien d’augmenter le pouvoir d’achat des actifs, et pas celui des retraités, hormis ceux au minimum vieillesse, rappelle Bercy. Il n’en reste pas moins que le ministre du Budget, Gérald Darmanin, est attentif au sujet. Certains députés lui font remonter des cas litigieux, qu'il se dit prêt à examiner au cas par cas.
"Une augmentation discriminatoire". Car aujourd’hui, les retraités découvrent l’impact de la hausse de la CSG sur leurs pensions, et des incompréhensions se font entendre. C'est le cas notamment de Jean Pinte, un retraité de de Gravelines, près de Dunkerque dans le Nord, qui a même saisi la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) estimant être victime de discrimination du fait de cette augmentation. Et après avoir relayé sa démarche sur Facebook, l'effet boule de neige a poussé des centaines de retraités à lui emboîter le pas, écrivant à l'institution européenne pour lui demander d'intervenir auprès du gouvernement français. "La discrimination, c'est un traitement inégal entre Français. On ne peut pas traiter des retraités d'une manière, et d'autres retraités d'une autre façon. Cette augmentation est discriminatoire en elle-même, et l'on estime que nous rentrons tout à fait dans ces critères, d’où la démarche", argue-t-il auprès d'Europe 1. Et bien que conscient de l'aspect purement symbolique de sa démarche, il se dit prêt à harceler la CEDH. "Ça fait quatre ans que nos retraites sont gelées, et avec le gouvernement actuel, elles commencent à fondre. Donc, on va continuer", assure-t-il.
Des promesses trahies ? Le gouvernement explique souvent qu’en dessous de 1.200 euros de pension, les retraités ne sont pas concernés par cette hausse. Mais en vérité, cet argument ne tient que pour les célibataires. Pour un couple, le plafond en cumulant les deux salaires est plutôt fixé autour de 2.000 euros. "Nous avons 45 euros de prélèvements mensuels pour deux retraites, dont celle de mon épouse qui est à moins de 1.200 euros. Ça ne correspond pas aux promesses qu'on nous avait fait !", s'indigne ainsi auprès d'Europe 1 Pierre Marchand, un retraité de la fonction publique qui touche à lui seul un peu plus de 1.300 euros par mois.
Et pour ceux qui, comme lui, voient leur CSG augmenter, l'impact n'est pas négligeable, puisque cette hausse représente plusieurs centaines d’euros en moins par an dans le portefeuille. "Avec 45 euros par mois, ça fait 540 euros par an, c'est le montant du camping où nous allons tous les ans pour trois semaines de vacances. Nous n'irons pas cette année !", lâche-t-il. Jeudi après-midi, il ira défiler à Tulle en Corrèze pour dire son mécontentement.
Une compensation... à retardement. Pour calmer les esprits, l’exécutif assure qu'un dispositif compensatoire a été mis en place via la suppression annoncée et progressive de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages, parmi lesquels des retraités. Mais la mesure ne sera visible qu’en octobre prochain, et la taxe ne baissera alors que d’un tiers. Rien qui ne suffise pour l'heure à rassurer des retraités inquiets pour leur avenir.