train à hydrogène Alstom 2:24
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Gauthier Delomez , modifié à
Alors que la COP26 se déroule à Glasgow, le PDG du groupe Alstom Henri Poupart-Lafarge met en avant l'utilisation de l'hydrogène dans le secteur des transports, et notamment du train, pour faire baisser l'empreinte carbone. Il était l'invité de Dimitri Pavlenko à 6h40 dans Europe Matin.
INTERVIEW

Le train à hydrogène peut-il être le grand gagnant de la COP26 ? Alors que le transport est l'un des secteurs qui a augmenté ses émissions de CO2 ces dix dernières années, pour atteindre 25% des émissions mondiales, la mobilité ferroviaire peut tirer profit de sa faible empreinte carbone. "Le train est une solution, pas la seule bien évidemment, pour tout ce qui est la colonne vertébrale des transports de demain", estime d'abord Henri Poupart-Lafarge, PDG du groupe Alstom, sur Europe 1.

Le PDG du groupe ferroviaire, devenu le numéro deux mondial après sa fusion avec le Canadien Bombardier début 2021, se félicite de voir la question des transports être au centre des préoccupations de la COP26 de Glasgow. L'occasion pour lui de mettre en avant l'utilisation du train, et notamment l'innovation technologique du train à hydrogène.

Une solution pour les lignes non électrifiées

Si l'électricité est la source d'énergie principale du train, 45% du réseau ferroviaire français n'est pas encore électrifié. Voilà pourquoi l'hydrogène peut être l'une des solutions. "Nous avons lancé ce train en 2014. Les premiers prototypes ont roulé en 2018, en amont du plan hydrogène annoncé par Nicolas Hulot", ajoute le PDG d'Alstom, alors que l'ancien ministre de la Transition écologique mettait 100 millions d'euros sur la table. "Aujourd'hui, on parle de 7-8 milliards d'euros, donc on a changé de dimension", souligne-t-il, précisant qu'il y "aura une ligne totalement équipée en trains à hydrogène" l'été prochain en Allemagne.

Au total, une "voie ferrée sur deux en Europe n'est pas électrifiée", rappelle Henri Poupart-Lafarge, ce qui représente un quart de la flotte de trains. "Ce sont des voies en général moins denses que les voies électrifiées. C'est dire l'effort qu'il faut faire d'ici à 2035 pour remplacer un quart des trains en circulation par des trains à hydrogène", poursuit le PDG.

Un problème de coût compensé à l'avenir ?

Selon les chiffres du groupe, le coût de ce moyen de transport innovant reviendrait à deux euros par kilomètre contre 16 centimes pour le diesel. "Il y a un problème de coût qui est partagé par l'ensemble des acteurs", reconnaît-il. Mais le pari de l'hydrogène pourrait faire baisser les prix dans l'avenir : "Cet objectif sera atteint grâce à la baisse (des coûts) de l'ensemble des composants de la filière : des électrolyseurs construits en plus grande quantité, des piles à combustible plus efficaces et moins cher à l'entretien...", énumère Henri Poupart-Lafarge.

S'il existe un hydrogène non-vert, produit à partir de gaz ou d'hydrocarbures, l'hydrogène vert est lui produit à partir d'énergies décarbonées, ce qui en fait une solution écologique à terme. "L'effort d'hydrogène doit être poursuivi par l'ensemble d'une filière, pas uniquement le train", commente le PDG d'Alstom. Ce moyen de transport se prête toutefois le mieux pour utiliser cette énergie, avec des stations de recharge qui peuvent être installées dans les dépôts.

"Il y a des projets d'écosystèmes, de stations de recharge multimodales", affirme Henri Poupart-Lafarge, qui souligne qu'Alstom ne produira pas de l'hydrogène, mais aidera à développer son utilisation à d'autres moyens de transport. "Le train justifie en lui-même une station de recharge compte tenu de sa consommation. Mais on peut fournir de l'hydrogène, notamment aux cars, aux bus et pourquoi pas demain, aux véhicules légers ou aux véhicules lourds."