Le TAFTA, traité de libre-échange transatlantique entre dans une nouvelle phase de négociation lundi à New York. Ce texte a pour objectif de créer une zone de libre-échange entre l'Union et les Etats-Unis en harmonisant les normes et en baissant les barrières douanières. Mais pour Thomas Porcher, économiste et co-auteur de TAFTA : L'accord du plus fort, le texte est "dangereux". Il comporte des risques notamment à cause de son mode de négociation. "Quand on a les mêmes normes, on facilite les échanges, ça limite la bureaucratie. Mais comme ce sont des négociations où il y a des représentants des multinationales, il y a des chances qu'il y ait un nivellement vers le bas de certaines réglementations", explique-t-il sur Europe 1.
Pas de visibilité du texte pour les parlementaires nationaux. A la table des négociations figurent "les représentants de la commission de Bruxelles, des représentants de Washington, des représentants des multinationales et certaines ONG", mais pas les politiques ou parlementaires de chaque pays. "Le vrai problème c'est que c'est quelque chose qui va porter sur tout : de l'alimentation à la couleur des clignotants et il est normal que nos politiques soient au courant de ce qu'il y a dans ce traité", estime l'économiste. Pour lui, le texte est "dangereux, on ne sait pas ce qu'il y a dedans". Début avril, des parlementaires français ont aussi dénoncé le manque d'accès au texte dans une tribune dans le Monde. "Pour avoir accès à l'information, il faut que nos politiques se rendent à l'ambassade des Etats-Unis ou à Bruxelles, qu'ils laissent leur téléphone portable et ils ont une heure pour voir une partie du traité, on est dans l'opacité la plus totale", dénonce Thomas Porcher.
Fin des AOC, arrivée des OGM ? Parmi les craintes autour de ce texte, les conséquences sur l'alimentation et l'agriculture avec par exemple l'autorisation des OGM. "Le problème c'est qu'on attaque la norme et la norme c'est le choix démocratique d'un pays. Interdire les OGM ou le boeuf aux hormones, ce sont des choix démocratiques". Autre conséquence possible, la fin des AOC. "C'est dans la balance des négociations. C'est une des lignes rouges fixées par le président de la république mais les Etats-Unis ont tout intérêt à ce que ces appellations d'origine contrôlées soient cassées, parce que ça indique une forme de qualité. Si c'est une forme de qualité, c'est une forme de concurrence déloyale", explique l'économiste.
Mais le traité déjà en négociation depuis plusieurs années n'est peut-être pas pour tout de suite. "Ca fait 20 ans que c'est dans les tiroirs. C'est ressorti à partir de 2009, les négociations devaient aboutir en 2015, mais il y a une telle mobilisation citoyenne, aujourd'hui il y a 80 villes qui se disent anti-TAFTA en Europe, que ça fait piétiner les négociations". Une pétition remise à la commission européenne en octobre a réuni 3,2 millions de signatures contre le texte.