La souveraineté industrielle de la France est en marche. La ville de Douvrin dans le Pas-de-Calais en est l'exemple : la première giga-usine de batteries électriques, ACC, y est inaugurée ce mardi en réponse à une trop importante hégémonie des géants asiatiques dans le domaine. Pour l'occasion, deux ministres italiens et allemands sont invités à rejoindre leur homologue français ainsi que les patrons des groupes impliqués (TotalEnergies, Mercedes et Stellantis).
Devant ce premier bâtiment tout juste sorti de terre, d'une surface de huit terrains de football, Frédéric Przybylski, le directeur du site, ne cache pas lui-même, une certaine fascination. "On se dit que c'est géant. Quand on voit la surface pour construire le deuxième bloc-là, en juillet, ça fait encore plus grand." Ici seront produits des modules pour batteries qui, à l'horizon 2030, équiperont 500.000 voitures par an, avec de premiers prototypes dès l'été prochain.
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Plus de 8 milliards d'euros d'investissement
Un accomplissement considérable pour le directeur du site. "Nous sommes la première gigafactory de France et nous sommes la seule qui peut montrer quelque chose, un produit et aussi des machines qui tournent et qui commencent à fabriquer des batteries." Le site représente plus de 8 milliards d'euros d'investissement, 2.000 emplois à terme et des salariés comme Lucie Huart, managers de ligne de production, engagée dans une véritable révolution industrielle.
"Oui, effectivement, parce qu'on va créer des produits qu'on n'a jamais fabriqués en France et qui vont participer aussi à toute la transition écologique", soutient-elle. "C'est-à-dire, comment va-t-on faire pour minimiser l'impact d'autres moyens de transport demain envers l'environnement. Donc oui, on a une vraie fierté aussi par rapport à ça." C'est donc la première des quatre usines dans la région Nord qui devrait permettre à la France d'être autonome en production de batteries dès 2027.
Du côté des salariés, le projet suscite un certain engouement. "C'est une vraie fierté de faire partie de cette aventure, d'être un pionnier en France des batteries françaises", témoigne Florian 29 ans, casque de chantier vissé sur la tête. Ancienne employée de Stellantis pendant 23 ans, Angélique savoure ce nouveau challenge. "Après, il faut accepter le changement. Mais avec des technologies avancées, on va dire que c'est complètement différent de ce que j'avais avant chez Stellantis", confie-t-elle.
"Aujourd'hui est un grand jour pour l'industrie en Europe"
À l'intérieur de cet immense bâtiment se trouvent ainsi des machines pour fabriquer des modules et cellules, un ensemble qui forme ensuite les batteries pour voitures électriques. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, y voit victoire française sur le marché de l'automobile électrique. "Aujourd'hui est un grand jour pour l'industrie en France. Aujourd'hui est un grand jour pour l'industrie en Europe", a-t-il appuyé. "Pour la première fois depuis Airbus, la France et l'Europe créent une nouvelle filière industrielle, la filière des batteries électriques."
À terme, 500.000 batteries sortiront de cette giga factory. Ici, on voit les salariés d'ACC, casque de chantier, sous le bras, comme Florian qui a 29 ans et est arrivé dans cette usine il y a quatre mois. "C'est une vraie fierté de faire partie de cette aventure, d'être un pionnier en France des giga factories des batteries françaises." 200 employés travaillent actuellement sur le site, ils seront dix fois plus en 2030. Comme un symbole, juste à côté de cette giga factory, il y a l'usine Stellantis, qui fabrique des moteurs thermiques et qui est amenée à disparaître dans les prochaines années.