EDF va arrêter trois réacteurs nucléaires supplémentaires pour vérifier la présence d'éventuels problèmes de corrosion, une mauvaise nouvelle dans un contexte d'approvisionnement électrique tendu cet hiver et alors que le président Macron s'apprête à faire des annonces sur l'atome ardemment espérées par le secteur. Les réacteurs de Chinon 3, Cattenom 3 et Bugey 4 seront arrêtés au cours des prochains mois, selon des données publiées sur le site d'EDF. Ces arrêts sont programmés à partir du 19 février, 26 mars et 9 avril. "On va les arrêter pour effectuer des contrôles", a expliqué un porte-parole à l'AFP.
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8 réacteurs à l'arrêt en France
Ces contrôles font suite à une revue documentaire de l'ensemble du parc, des problèmes de corrosion sur des systèmes de sécurité ayant été déjà confirmés ou soupçonnés sur cinq réacteurs, actuellement à l'arrêt (sur un total de 56). En outre, trois autres vont faire eux aussi l'objet de contrôles, mais pendant des arrêts qui étaient déjà programmés. L'arrêt de Flamanville 2 va toutefois être prolongé de 5 semaines.
Enfin, EDF a étendu de cinq mois l'arrêt des deux unités où ces problèmes de corrosion ont déjà été détectés (Penly 1) ou soupçonnés (Chooz 1). Le premier ne fonctionnera pas jusqu'au 31 octobre, et le second jusqu'au 31 décembre. EDF avait ainsi abaissé lundi soir sa prévision de production nucléaire cette année, "dans le cadre de son programme de contrôles sur le parc nucléaire", mais sans donner de détail notamment sur les centrales concernées.
La prévision a été ramenée à 295-315 térawattheures (TWh), contre 300-330 TWh précédemment. EDF l'avait déjà revue à la baisse mi-janvier, alors qu'il visait initialement une production de 330 à 360 TWh. Pour 2023, "l'estimation de production nucléaire, actuellement de 340-370 TWh, sera ajustée dès que possible", a précisé EDF. Concrètement la France va donc revenir à un niveau de production équivalent à celui de l'année 1991.
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Vers un risque de tension pour l'approvisionnement ?
Ces problèmes risquent d'accroître la tension sur l'approvisionnement électrique de la France cet hiver, déjà compliqué par un calendrier de maintenance chargé perturbé par la pandémie de Covid-19. Le gestionnaire du réseau électrique RTE avait indiqué vendredi maintenir sa "vigilance sur la fin de l'hiver" tout en notant que "les prévisions météorologiques sur la période sont favorables". "Les annonces récentes d'EDF n'invalident pas les conclusions de l'analyse du 4 février pour la fin de l'hiver, la disponibilité de la filière nucléaire restant dans le cône de prévision de RTE pour cette période", a-t-on précisé mardi chez RTE. La poursuite des examens sur le parc pourrait toutefois avoir des conséquences "au-delà de cet hiver", indique-t-on.
"Il n'y a pas de risque de black-out en France parce que nous avons mis en place un certain nombre de mécanismes pour éviter cela", a toutefois assuré mardi la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili sur France Info. Le gouvernement a notamment assoupli temporairement les limites d'utilisation de ses dernières centrales à charbon, très nocives pour le climat, pour assurer l'approvisionnement électrique. "On a besoin de marges de manoeuvre" mais "on est sur des proportions très très petites", a estimé Barbara Pompili.
Les derniers déboires d'EDF, qui s'ajoutent aux nouveaux retards de l'EPR de Flamanville (Manche), interviennent alors qu'Emmanuel Macron est annoncé jeudi à Belfort pour une visite sur le thème de l'énergie et notamment "sur la relance du nucléaire français". La ville produit des turbines nucléaires, rachetées à Alstom en 2015 par l'américain General Electric (GE) et qu'EDF s'apprête à reprendre.
En novembre, le président avait annoncé son intention de construire de nouveaux réacteurs en France, mais sans donner plus de précision. La filière, qui propose de construire six nouveaux EPR, espère des annonces dans ce sens, alors que ce sujet agite la campagne présidentielle. L'avantage climatique du nucléaire ou l'argument de l'indépendance énergétique séduisent largement de l'extrême-droite au communiste Fabien Roussel, en passant par la droite et le camp présidentiel.
Les écologistes ou les Insoumis prônent en revanche une sortie plus ou moins rapide de cette énergie, qui domine encore largement la production électrique française, en raison du problème des déchets ou des risques d'accidents.