Qu’il soit quotidien ou ponctuel, le travail de nuit, entre minuit et cinq heures du matin, concerne près de trois millions de salariés. Les ouvriers et les employés sont les deux catégories socioprofessionnelles qui travaillent le plus de nuit, devant les professions intermédiaires - techniciens, infirmiers ou agents de maîtrise. Dans les entreprises où il est réglementé par une convention ou un accord collectif, le travail de nuit doit ouvrir le droit à un repos compensateur, voire à une compensation salariale.
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Dans les faits, selon une étude de la direction statistique du ministère du Travail parue mercredi 3 mai, les salariés à temps plein qui exercent la nuit ont bel et bien un avantage salarial. En moyenne, la bonification des ouvriers qui travaillement majoritairement la nuit atteint 7% du salaire net mensuel.
"Sur le mois ça me fait 80 euros brut supplémentaires"
Dans la même situation, l’avantage est de 5% pour les employés et de 4% pour les professions intermédiaires. Parmi ces salariés concernés figure Alexandre, 31 ans, réceptionniste dans un hôtel lyonnais. Il travaille deux nuits par semaine, ce qui lui permet de gagner un peu plus de 2.000 euros brut par mois. "Par rapport à la rémunération, il y a une petite majoration sur les heures de nuit", confirme-t-il à Europe 1. "Sur le mois, ça me fait 80 euros brut supplémentaires, donc, je touche 2.080 euros brut."
Alexandre concède qu'"effectivement, il n’y a pas une énorme différence" avec un travail de jour, "et travailler la nuit, c’est vrai que physiquement, c’est difficile. L’enchaînement des journées et des nuits de travail dans la même semaine, les changements de rythmes, c’est fatigant".
Des horaires "qui représentent souvent un sacrifice"
Même s’il est parfois modeste, l’avantage salarial des travailleurs de nuit a tout de même le mérite d’exister souligne Patrick Pommier, chef du département des relations professionnelles et du temps de travail à la Dares. "C’est plutôt un bon signe. Il y a une juste compensation à prévoir dans le fait de pratiquer ces horaires, qui représentent souvent un sacrifice", observe-t-il.
"Ça renvoie aussi à la théorie économique qui parle de différence compensatrice", ajoute Patrick Pommier. "Le salaire devrait compenser en partie les contraintes subies par les salariés", estime le responsable à la Dares. En France, le travail de nuit concerne un salarié sur 10, davantage d’hommes que de femmes. Les secteurs les plus exposés sont le stockage de matériel, les transports ainsi que l’hôtellerie restauration.