Ils sont logés à la même enseigne : tous les commerces jugés non-essentiels doivent baisser le rideau en raison du reconfinement face au coronavirus. Cette période est d'autant plus mal vécue qu'elle est cruciale pour les magasins de jouets. La Fédération des marchands de jouets a déjà déposé un référé devant le Conseil d'État contre la vente de jouets dans les hypermarchés, pour "violation manifeste du principe d'égale concurrence". Dans les grandes surfaces, les rayons jouets sont ouverts alors que les magasins doivent mettre en place des livraisons et de simples retraits.
À la Grande Recré du quartier Beaugrenelle, à Paris, c'est l'effervescence. "L'étage, vous m'entendez ?", demande un des salariés du magasin. "Est-ce que vous pouvez me descendre un Twister pour une cliente, s'il vous plait ?" Le jeu est apporté à l'extérieur du magasin et tendu à Chloé, qui attend sous la pluie : "C'est bien de venir là et de les faire vivre. On aurait préféré rentrer et on aurait acheté plus de choses si on avait vu plus de choses qui nous plaisaient !"
Le spécialiste du jeu, comme un dentiste
Evelyne, autre cliente, tente la comparaison médicale : "Quand j'ai mal aux dents, je vais chez un dentiste. Donc quand j'ai besoin d'un jeu je vais chez un spécialiste du jeu", explique-t-elle pour défendre les magasins spécialisés.
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Dans le magasin, les salariés sont frustrés de voir des passants porter des jouets achetés au supermarché d'en face. "Ce n'est pas toujours facile de voir son magasin sans clients", concède Sébastien, adjoint de la direction, qui dénonce lui aussi cette inégalité : "Vous pouvez faire vos courses dans un supermarché avec une dérogation et vous pouvez venir y chercher vos achats de jouets."
60% du chiffres d'affaires de l'année
Pour ces magasins, il est impensable de ne pas rouvrir avant Noël : les mois qui viennent représentent 60% du chiffre d'affaire de l'année. "Il est clair que nous ne sommes pas autorisés à ouvrir donc il n'y a aucune raison que nos concurrents soient autorisés à vendre des jouets", souligne Jean-Michel Grunber, président de la Grande Récré mais surtout membre de la Fédération des marchands de jouets.
"Ce qu'on demande par-dessus tout, c'est que nous puissions ouvrir", poursuit le dirigeant. "Pour nous le sujet est 'ouvrir ou mourir'." Les commandes en ligne et le retrait en magasin ne représentent que 20% du chiffre habituel de l'entreprise sur cette période.