Sa parole est extrêmement attendue : mardi après-midi, à 15 heures, le Premier ministre Édouard Philippe doit présenter le plan de déconfinement progressif de la France à partir du 11 mai. Cette présentation doit être suivie d'un débat puis d'un vote à l'Assemblée nationale. Les députés de l'opposition s'opposaient à ce vote dans la foulée du débat, demandant plus de temps mais lundi matin, le gouvernement leur a opposé une fin de non-recevoir. Sur Europe 1 lundi, le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde pointe "l'autoritarisme" du gouvernement.
Une démarche "pas sérieuse"
"Le gouvernement s'est donné 15 jours pour présenter un plan, il faudrait qu'on ait 15 minutes pour pouvoir voter avant même d'avoir pu en discuter entre nous", critique le député de Seine-Saint-Denis, qui dénonce l'argument de la majorité selon qui le report du vote n'était juridiquement pas possible : "Ce vote n'a pas de portée normative, il n'a pas de conséquence, il n'empêche en rien le gouvernement de travailler."
"Au lieu de choisir une co-construction avec l'ensemble des forces politiques pour donner de la confiance", poursuit le parlementaire, "on nous dit 'voilà la vérité qui va tomber du ciel', comme avant les 'gilets jaunes' et puis on vous dit 'vous n'avez qu'à dire oui ou non'. Ça ne me parait pas sérieux ni respectueux comme démarche".
Lagarde ne fait "pas confiance"
Au-delà de la méthode, Jean-Christophe Lagarde critique le manque de considération du gouvernement pour les parlementaires, qui ont selon lui aidé l'exécutif : "En 48 heures, l'Assemblée nationale et le Sénat, il y a six semaines, ont donné les pleins pouvoirs au gouvernement parce que c'était nécessaire. On a fait preuve de responsabilité. (…) Quand on vous dit 'voilà, vous découvrez à 15 heures la vision que le gouvernement a du déconfinement, et votez pour ou contre à la sortie' sans même pouvoir en discuter, ça revient à dire 'est-ce que vous nous faites confiance ?' Ma réponse est non", répond le député UDI.
Le report du vote était demandé par plusieurs groupes parlementaires, comme Les Républicains, le Parti socialiste ou La France insoumise. Jean-Luc Mélenchon a par exemple dénoncé "une brutalité de plus" dans ce refus de reporter le vote, alors que seulement 75 députés seront présents dans l'hémicycle en raison des gestes barrières.