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Charles Guyard, Mathilde Durand avec AFP
Le constructeur automobile français Renault annonce un plan d'économies de plus de 2 milliards d'euros sur trois ans. 15.000 emplois dont 4.600 en France seront supprimés. La Fonderie de Bretagne a retenu son souffle avant le soulagement : elle ne sera pas fermée. En revanche, le site de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) fermera ses portes à l'horizon 2022.
REPORTAGE

Le constructeur automobile français Renault, en difficulté financière, dont la situation s'est encore aggravée avec la crise sanitaire du Covid-19, a annoncé vendredi la suppression d'environ 15.000 emplois dans le monde, dont 4.600 en France, dans le cadre d'un plan d'économies de plus de 2 milliards d'euros sur trois ans. Le plan devrait affecter quatre sites sur le territoires français :  Caudan (Morbihan), Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), Dieppe (Seine-Maritime) et Maubeuge (Nord). Ce vendredi, à l'issue d'un CSE sous tensions et après un blocage de l'usine depuis lundi, les employés de la Fonderie de Bretagne (FDB) sont soulagés : le site ne sera pas fermé

L'implication de Jean-Yves Le Drian

"Première chose : pas de fermeture de FDB, deuxième chose : pas de projet de repreneur FDB" a annoncé Maël Le Goff, secrétaire général de la CGT de la Fonderie de Bretagne sous les acclamations de ses camarades. Implanté depuis 1965 à Caudan, le site, repris en 2009 par Renault, produit des pièces de fonderie brutes et usinées pour l'industrie automobile, selon le site internet du groupe automobile. Il emploie environ 400 salariés. 

La nouvelle est positive mais la FDB devra diversifier son activité pour rester actif sur le long terme. "Nous allons regarder l'ensemble des pièces faisables en fonte pour le marché automobile au sens large du terme, qui pourraient regrouper la machine agricole, le gros camion, le bus etc…", explique Laurent Galmard, directeur général de la  Fonderie. "C'est la condition nécessaire pour rendre la Fonderie de Bretagne rentable."

Un autre acteur sera attentif à cette rentabilité : le ministre breton des Affaires étrangères et ancien maire de Lorient, Jean-Yves Le Drian. Alors que la fermeture semblait actée jeudi, il est entré dans ce dossier et a changé la donne en quelques heures. 

"Il faut rendre hommage à l'homme qu'est Monsieur Le Drian, qui a bâti sa carrière en Bretagne et plus particulièrement à Lorient", salue Patrice Faure, préfet du Morbihan. "Qui mieux que lui connaît cette entreprise ? Evidemment il a pesé de tout son poids sur cette décision." Bloquée depuis lundi, l'usine va redémarrer, l'urgence étant de trouver de nouveaux clients.

"Une promesse de la direction"

Sur les 14 sites industriels en France, "un seul site à l'horizon 2022" sera fermé, celui de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), qui emploie 260 personnes, a assuré le président du groupe, Jean-Dominique Senard, lors d'une conférence de presse

"Ce n'est pas un gros site comparativement aux autres sites Renault en France. C'est le plus petit mais il a une spécificité qui est l'économie circulaire", explique Mariette Rih, délégué syndical central FO chez Renault. "On sait très bien que l'empreinte environnementale des constructeurs automobiles nous oblige à prendre en compte l'impact de nos activités sur l'environnement. Et ce que nous trouvons être une forme de gâchis, c'est qu'il y a des compétences, de l'expérience sur ce site qui s'est inscrit dans l'économie circulaire depuis des années."

Le constructeur automobile a assuré que les départs seraient volontaires et qu'aucun licenciement sec n'aurait lieu. "C'est une promesse de la direction, en tout cas ce sera le combat de FO", assure Mariette Rih, soulagée après les déclarations du groupe qui assurait ce vendredi que rien ne serait fait pour aucun des sites concernés sans les partenaires sociaux et les collectivités locales. "Je pense que c'est important en fin de compte de l'avoir entendu ce matin."

Le projet d'économie présenté par Renault inclut enfin l'arrêt de la production automobile à Flins (Yvelines), à la fin de la Zoe après 2024. L'usine, qui compte actuellement 2.600 salariés, sera reconvertie et récupérera l'activité du site de Choisy-le-Roi dans le recyclage de pièces. Quant à l'usine de Dieppe, qui emploie aussi près de 400 personnes, le groupe indique ouvrir "une réflexion sur la reconversion de l'usine, à la fin de la production de l'Alpine A110". Enfin un "pôle d'excellence" dans le Nord est envisagé avec la fusion des sites de Douai et Maubeuge.