Quatre ans après son lancement en France, Netflix passe à la vitesse supérieure avec l'ouverture d'un bureau parisien et l'annonce de sept nouveaux programmes, afin de satisfaire des abonnés français de plus en plus nombreux, mais aussi faire face à une concurrence accrue.
"Nous doublons nos investissements en France" avec sept nouveaux programmes, a annoncé le PDG Reed Hastings, de passage à Paris jeudi sur le site du tournage de la série d'anticipation Osmosis.
Plusieurs dizaines de millions d'euros investis. La plate-forme de vidéos à la demande par abonnement (SVOD) investit "plusieurs dizaines de millions d'euros", avec trois nouveaux projets de séries françaises et l'achat de trois films et d'un documentaire français, qui s'ajoutent aux sept programmes hexagonaux déjà annoncés ces derniers mois.
L'échec relatif de sa première série française Marseille, laminée par la critique et annulée après deux saisons, n'a pas refroidi la plate-forme. "Notre plus gros succès international aujourd'hui est La Casa de papel et nous cherchons à produire davantage de programmes de ce type, nouveaux et qui voyagent bien", a précisé le patron.
Parmi les nouveaux projets : une série comique où une bande d'amis transforme en "coffee shop" une boucherie sur le déclin, une série d'horreur où les personnages monstrueux créés par une romancière prennent vie et une série de vampires adaptée d'un roman de Thierry Jonquet. S'y ajoutent deux documentaires, dont Solidarité écrit par Stéphane de Freitas, le réalisateur du très remarqué À voix haute qui suivait un concours d'éloquence à Saint-Denis, et deux films, dont Banlieusards réalisé par le rappeur Kery James.
"Netflix est venu vers nous très tôt", explique l'équipe d'un des films achetés. En février, Europe 1 vous présentait Paris est une fête, film tourné avec 4.000 euros de budget par une équipe composée d'une dizaine de jeunes motivés. Au final, le projet fait partie des nouveaux programmes lancés par Netflix.
"Netflix est venu vers nous très tôt, quand la campagne de Crowdfunding a commencé à faire du bruit", explique à Europe1 Paul Saïsset, directeur de communication du projet. Si au départ, l'équipe du film privilégiait une sortie en salles, face aux offres décevantes des distributeurs qui "nous cantonnaient à des petites salles à Paris et dans quelques grande villes", ils ont fini par accepter. "On a la volonté de toucher un grand public, y compris celui qui ne va pas au cinéma. Donc l'offre de Netflix nous correspond assez bien", raconte encore Paul Saïsset.
Mais pas question pour l'équipe du long-métrage "que le film soit noyé dans le catalogue" de la plateforme. "La condition pour un accord, c'était que Netflix s'engage à faire la promotion du film. Ils ont aussi garanti la possibilité d'emmener Paris est une fête dans des festivals, une de nos ambitions", explique Paul Saïsset. Le film sortira début 2019, après une projection pour les contributeurs "avant la fin de l'année".
Le bureau parisien emploiera une vingtaine de personnes. Pour accompagner ces nouvelles productions, Netflix rouvre un bureau à Paris, sur le modèle de son bureau londonien, qui emploiera une équipe de 20 personnes, avec des embauches à la clé. La plate-forme avait installé une petite équipe à Paris à son arrivée en 2014, mais elle l'avait rapidement fermé et transféré aux Pays-Bas : "c'était trop tôt. Aujourd'hui nous investissons parce que notre base d'abonnés français croît rapidement", explique Reed Hastings.
Sans dire le nombre exact de ces abonnés en France, le patron a confirmé qu'il avoisinait les 3,5 millions, chiffre qui circulait dans la presse. Au total, la plate-forme affirme compter 130 millions d'utilisateurs dans 190 pays. Les bureaux français ne comprendront pas de studios, contrairement aux locaux espagnols de Netflix, et les lieux de tournage seront disséminés en région parisienne.