À l'aube du déconfinement en France, de plus de personnalités du monde politique, économique, associatif ou philosophique débattent de ce que sera le "monde d'après". Si l'ancien ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot affirme que "le temps est venu" de tout mettre en œuvre pour stopper le réchauffement climatique, Jacques Attali estime, pour sa part, que l'enjeu écologique doit avoir comme réponse une réorientation de l'économie vers différents secteurs clés. "J’ai essayé de structurer ma propre réponse autour de ce concept de 'l'économie de la vie'", explique-t-il au micro d'Europe 1.
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"Réorienter nos sociétés vers l’économie de la vie"
Invité de C'est arrivé cette semaine, Jacques Attali considère que l'une des principales leçons de cette crise du coronavirus est qu'on "ne consacre pas assez d’argent à se soigner, à enseigner, à se nourrir". Alors que "beaucoup trop d’argent est consacré à des choses qui ne le méritent pas", pointe Jacques Attali. Ainsi, il appelle à "réorienter nos sociétés vers l’économie de la vie", citant l'agriculture, la santé, l'éducation, la distribution, la sécurité ou encore l'information. "Tous les secteurs invisibles avant le confinement et sans lesquels nous ne pourrions pas vivre", justifie Jacques Attali.
"C’est un vrai projet de société qui ne se résume pas au problème du climat, qui est un problème important, mais qui est loin d’être le seul. C’est dans cette réflexion sur le projet que l’on doit construire qu’il faut replacer les enjeux du déconfinement".
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"Une économie de guerre" pour les secteurs essentiels
"Ces secteurs doivent être la priorité des priorités, avec une économie de guerre", avance Jacques Attali, qui estime que la crise du coronavirus témoigne de l'échec de la décroissance. "Si on croyait que la décroissance était une solution au problème du climat, on vient d’avoir la preuve que ce n’est pas possible puisque la décroissance que nous connaissons aujourd’hui (...) n’amène pas, sauf à la maintenir au même taux pendant dix ans, à régler le problème du climat".
"La décroissance n'est la solution, produire autrement l'est", résume Jacques Attali. Pour autant, l'économiste ne propose pas de "vielles recettes", étant "assez perplexe" devant ceux qui "refourguent leurs vielles utopies dans des circonstances nouvelles, sans d’ailleurs proposer beaucoup de moyens pour y parvenir".
"On ne pourra pas dire qu’on n’a pas été prévenus"
"On est condamnés à produire autrement", martèle Jacques Attali. "Il faut une autre production et si elle suppose de la croissance, c’est un fait annexe. Ce qui compte, c’est de changer le contenu de la production", développe l'économiste, "en tenant compte du fait que cette pandémie était prévisible".
Car la crise que le monde vie est annonciatrice d'autres problèmes à venir, prédit Jacques Attali, citant l'enjeu climatique ou "la révolution sociale qui se prépare partout avec l'augmentation des inégalités, dont cette crise est la cause". "On ne pourra pas dire qu’on n’a pas été prévenus", conclut-il au micro d'Europe 1.