Renault entre dans une zone de turbulences. L’emblématique constructeur, lourdement pénalisé comme tout le secteur automobile par la crise du coronavirus, envisagerait des licenciements et la fermeture de plusieurs usines en France. Fabien Gache, délégué central CGT Renault de Boulogne-Billancourt, a estimé mercredi sur Europe 1 que la stratégie du groupe est "exclusivement financière, dans la continuité" de celle menée par l’ancien patron Carlos Ghosn.
"C’est une stratégie pour faire pression pour obtenir des moins-disant sociaux. Mais on est en même temps dans la continuité de la stratégie de Carlos Ghosn, c’est-à-dire une stratégie exclusivement financière qui n’a pour boussole que le niveau de marge à deux chiffres par véhicule produit et vendu", a déploré le syndicaliste.
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"Que va-t-il rester en France ?"
Renault envisagerait la fermeture d’au moins trois sites : Choisy-le-Roi, les Fonderies de Bretagne et l'usine de Dieppe, qui produit l'Alpine. L’usine de Flins, qui produit la voiture électrique Zoé, ne sera pas fermée mais le site va être reconverti. "C’est une stratégie qui se désintéresse totalement du maintien du tissu industriel, mais également de l'ingénierie. Il est même prévu, dans les prévisions de réductions des coûts, d’amplifier à la fois l’externalisation et la délocalisation d’activités d'ingénierie", se désole Fabien Gache, qui se pose même la question de l’avenir du groupe sur le sol français.
"Aujourd’hui il n’y a pas de stratégie de renouvellement de la gamme Renault, on nous a demandé de stopper ce travail depuis quelques mois. Si on ne renouvelle pas les voitures existantes par des nouveaux modèles innovants, il ne restera pas grand-chose en France du point de vue industriel. Que va-t-il rester ?", se demande le syndicaliste. "La voiture électrique Zoé n’a été fabriquée qu’à 80.000 exemplaires, pour plus de 30.000 euros de coûts. Alors que la Clio se produit à environ 400.000 exemplaires pour un coût d'environ 15.000 euros."
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"Cela en dit long sur la conception du dialogue social dans l’entreprise"
Fabien Gache a également critiqué la méthode employée par Renault, qui n’a toujours pas informé les syndicats des contours de ce vaste plan de restructuration, qui sera présenté le 29 mai prochain. "C’est la presse qui distille des informations auprès des syndicats. Ça en dit long de la conception du dialogue social dans l’entreprise, qui se contente à donner des informations et considère que les syndicats devraient se réduire à l’accompagnement de mesures qui, à notre sens, vont contre l’intérêt commun", a soutenu le délégué central CGT.
"On ne peut pas ne pas repenser au scénario de 2012, où on était après la crise économique. La presse avait parlé de l’éventualité d’une fermeture d’usine, dont Flins déjà à l’époque. Cela avait créé un sentiment de peur et s’était traduit par le premier accord de compétitivité, avec des moins-disant sociaux", rappelle Fabien Gache. "Dans l’état actuel des choses, on a engagé des discussions sur un nouvel accord de compétitivité, avec des réductions sociales. Ce n’est pas un hasard si l’entreprise a laissé filtrer ces informations", a-t-il conclu.