C'est une petite embellie sur le front ravagé de l'emploi par temps de coronavirus : le nombre de chômeurs a diminué de 3,3% en mai, soit 150.000 inscrits en catégorie A en moins, selon les chiffres de Pôle emploi publiés jeudi. Cette baisse, qui s'explique par le retour de nombreuses personnes vers une activité partielle, ne devrait toutefois pas signifier que le chômage reflue durablement dans notre pays, avec un deuxième semestre 2020 qui s'annonce extrêmement dégradé. Explications.
Les difficultés rencontrées par de nombreuses entreprises au printemps devrait bientôt se traduire par de nombreuses pertes d'emplois : "Les plans de licenciement risquent de venir dans les prochains mois parce que la situation de beaucoup d'entreprises est très délicate", explique Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques, sur Europe 1, jeudi midi.
Situation "extrêmement compliquée" à l'automne
"La question se pose pour les six prochains mois : comment limiter cette hémorragie de destructions d'emplois et de chômage ? À l'automne, la situation sera extrêmement compliquée", poursuit l'économiste. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a notamment évoqué le chiffre de 800.000 destructions dans les prochains mois, alors que l'industrie craint à elle seule de perdre 400.000 emplois. "On sous-estime la dureté de ce qui est devant nous", prévient un ministre de premier plan auprès d'Europe 1.
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Comme en mars et en avril, les premiers touchés par le ralentissement cette fois-ci durable de l'économie devraient être les plus précaires, redoute Mathieu Plane : "Les emplois et CDD et l'intérim sont la variable d'ajustement des entreprises en cas de difficulté." Et à plus long terme, "la souplesse recherchée par les entreprises crée beaucoup de difficultés sociales pour les gens qui subissent ces licenciements". La baisse de demandeurs d'emplois de catégorie A (sans aucune activité) observée en mai ne devraient donc pas se confirmer dans les mois à venir.
Un nouveau dispositif pour sauver les entreprises ?
Pour éviter une hausse durable du chômage, le gouvernement a lancé un dispositif de chômage partiel de longue durée : dès le 1er juillet, cet outil plus avantageux que le chômage partiel "classique" permettra aux entreprises en difficulté de limiter le temps de travail de leurs employés. La baisse de salaires qui en découlera sera compensée par l'État à hauteur de 84%.