Ils ne portent pas forcément de gilets jaunes mais eux aussi sont toujours en colère : les retraités étaient appelés à manifester mardi par neuf organisations syndicales, déçues des annonces faites par Emmanuel Macron en leur direction. L’annulation de la hausse de la CSG pour les retraités touchant moins de 2.000 euros par mois n’a pas suffi à apaiser les principaux concernés et pour cause : l’application de cette mesure est un peu plus complexe qu’il n’y paraît.
Une exonération assez subtile. Cette exonération concerne les retraités vivant seuls percevant 2.000 euros mensuels ou ceux en couple touchant à deux 33.000 euros par an. Jusqu’ici, l’annulation de la hausse ne concernait que les retraités gagnant moins de 1.200 euros par mois. Comme eux, les retraités un peu plus aisés ne paieront donc pas la CSG au taux plein (8,3%) et bénéficieront d’un taux réduit.
Sauf que la réalité est un peu plus compliquée. D’abord car, contrairement à ce qui est parfois dit, ce n’est pas le niveau de la pension de retraite qui détermine le taux de CSG (et donc la possibilité ou non d’être exonéré) mais le revenu fiscal de référence, qui comprend la pension et les revenus annexes (fonciers notamment). Ce qui engendre des paliers légèrement plus subtils que ceux qui circulent :
Taux de CSG | Revenu fiscal de référence pour un retraité seul | Revenu fiscal de référence pour un couple |
Exonération totale | < 11.128 euros (soit < 927 euros/mois) | < 17.071 euros (soit < 1.423 euros/mois) |
3,8% | 11.129 à 14.548 euros (soit 927 à 1.212 euros/mois) | 17.072 à 22.316 euros (soit 1.423 à 1.860 euros/mois) |
6,6% | 14.549 à 22.580 euros (soit 1.212 à 1.882 euros/mois) | 22.317 à 34.600 euros (soit 1.860 à 2.883 euros/mois) |
8,3% | > 22.580 euros (soit > 1.882 euros/mois) | > 34.600 euros (soit > 2.883 euros/mois) |
Pour savoir si vous êtes éligible à l’exonération de hausse de la CSG en 2019, vous pouvez consulter votre avis d’imposition 2018 sur les revenus de 2017. Le revenu fiscal de référence y est clairement indiqué. L’exécutif assure que 70% des retraités ne paieront plus l’augmentation prévue de cet impôt en 2019, contre 40% avant les annonces d’Emmanuel Macron, a précisé Benjamin Griveaux.
Un délai de six mois et un rétro-paiement. Sauf que les retraités concernés devront attendre, car les délais d’entrée en vigueur de l’exonération sont trop courts. "La CSG est un impôt ; on n'a pas les revenus de 2018, qui n'ont pas été déclarés, donc on ne peut pas la calculer", a expliqué la ministre du Travail Muriel Pénicaud sur RTL. "Les gens vont continuer à la payer au plus tard jusqu'au 1er juillet et ensuite ils seront remboursés. Il y aura un très gros chèque ou un virement au plus tard au 1er juillet", a-t-elle ajouté. Un décalage dans le temps qui implique une stagnation du pouvoir d’achat pour les retraités lors des six mois à venir.
Une sous-revalorisation qui ne passe pas. Mais la hausse de la CSG n’est pas la seule raison qui pousse les retraités à manifester pour leur pouvoir d’achat pour la cinquième fois depuis 2017. "Nous exigeons toujours la suppression de la hausse de la CSG pour tous les retraités et l’indexation de toutes les pensions sur l’évolution des salaires", expliquent la CGT, FO, la CFTC, la CFE-CGC, FSU, Solidaires, la FGR-FP, LSR, Ensemble et Solidaires dans un communiqué.
Déjà au cœur des revendications lors des manifestations automnales, le quasi-gel des pensions ne passe toujours pas auprès des retraités. Pour réaliser des économies, le gouvernement prévoit en effet de sous-revaloriser les pensions de 0,3% en 2019 et en 2020, nettement en deçà de l'inflation qui tourne actuellement à 1,9%. Une "désindexation" qui induit un manque à gagner parfois tout juste compensé par l’exonération de la hausse de la CSG pour ceux qui en bénéficient.