"Il va payer beaucoup d'impôts. C'est une bonne chose qu'il les paye en France plutôt qu'il ne les paye ailleurs". Cette phrase, prononcée par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire en octobre 2022 sur le plateau de CNews, traduisait bien l'état d'esprit du gouvernement quant à la décision prise par Kylian Mbappé quelques mois auparavant. En mai de cette année-là, le capitaine de l'équipe de France, ardemment courtisé par le Real Madrid, choisit finalement de prolonger au Paris Saint-Germain, avec à la clé le contrat le plus mirifique de l'histoire pour un footballeur.
Au-delà de la satisfaction de voir l'une des étoiles du sport français rester dans l'Hexagone, l'exécutif avait aussi de quoi se frotter les mains pour les finances publiques. Avec de tels émoluments, Kylian Mbappé a rapporté gros, très gros à l'État français durant ses sept saisons au PSG. Il n'y a donc pas que sur la pelouse du Parc des Princes que le Bondynois, officiellement joueur du Real Madrid depuis lundi, pourrait laisser un vide.
Un taux de prélèvement de 49% pour l'impôt sur le revenu
Dans le détail, si l'on reprend les termes de son dernier contrat au PSG, celui en vigueur de 2022 à 2024, Kylian Mbappé touchait 72 millions d'euros brut par an. Une somme sur laquelle sont déjà déduites les cotisations patronales, payées par l'employeur. "Ensuite, sur les 72 millions d'euros, vous enlevez 20%, ce qui nous fait une quinzaine de millions d'euros de charges salariales", complète Vincent Chaudel, fondateur de l'Observatoire du sport business. Et ce n'est pas tout. Comme tout bon citoyen français, Kylian Mbappé est assujetti à l'impôt sur le revenu. "On peut dire qu'il était dans la tranche haute", sourit Vincent Chaudel.
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Compte tenu de son salaire, son taux de prélèvement s'élève en effet à 49%, comprenant 45% pour l'impôt sur le revenu et 4% de contribution sur les hauts revenus. Ce qui équivaut à un montant annuel avoisinant les 18 millions d'euros. "Ensuite, il faut rajouter tout ce qu'il va acheter. Des produits sur lesquels il est fiscalisé avec la TVA", ajoute Vincent Chaudel. Dans son ouvrage L'argent du football, Luc Arrondel, économiste et directeur de recherche au CNRS, a établi un calcul de la fiscalité en prenant pour base un salaire d'1 million d'euro. Si l'on rapporte ce barème au salaire annuel de Kylian Mbappé, on arrive à une somme de 53 millions d'euros de contribution chaque année. "Cela doit être un peu supérieur, car les taux sont progressifs", nous précise Luc Arrondel. En appliquant le taux d'imposition auquel doit se plier Kylian Mbappé, cette somme tutoie la barre des 60 millions d'euros.
260 millions d'euros en sept ans
Sur les trois dernières années, le capitaine de Bleus aurait donc rapporté, près de 180 millions d'euros aux finances publiques. Un montant colossal qui ne prend pas en compte son premier contrat signé en 2017 avec le club de la capitale pour une durée de cinq ans. Selon les chiffres avancés par le journaliste de L'Équipe Arnaud Hermant, dans son livre Mbappé, le phénomène, l'attaquant touchait à l'époque environ 20 millions d'euros brut par an et reversait donc près de 15 millions d'euros par an à l'État. Sur une durée de cinq ans, cela représente donc une somme comprise entre 75 et 80 millions d'euros. Sur sept ans, ce sont donc au moins 260 millions d'euros qui sont parvenus jusqu'aux caisses de l'État, sans compter les primes.
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Néanmoins, il convient de souligner que ces chiffres se basent sur un calcul de principe et peuvent ainsi ne pas correspondre exactement à la fiche d'imposition de Kylian Mbappé. "C'est un ordre de grandeur. Il peut y avoir de la défiscalisation à droite ou à gauche. Il faudrait aussi savoir ce qu'il a fait comme placement ou ce qu'il a acheté sur le plan immobilier. Pour avoir les chiffres exacts, il faut se diriger vers le fisc", éclaire Vincent Chaudel.
Des joueurs étrangers moins lucratifs pour l'État français
Toujours est-il que le départ du Bondynois vers la capitale espagnole prive les caisses de l'État d'une manne financière non négligeable. Surtout si le PSG venait à enrôler des joueurs étrangers pour le remplacer. "Lorsque vous recrutez quelqu'un qui n'a pas payé ses impôts en France depuis cinq ans, ce joueur bénéficie d'une franchise fiscale plus intéressante. C'est ce que l'on appelle la règle des impatriés", souligne Vincent Chaudel. De son côté, Kylian Mbappé pourrait bien connaître un allègement de sa pression fiscale. Portée par la présidente de la Communauté de Madrid, une proposition de loi vise à supprimer l'impôt régional pour les étrangers qui viennent s'installer dans la capitale espagnole, à condition toutefois d'investir dans l'économie locale. Ce texte, parfois surnommé "loi Mbappé" de l'autre côté des Pyrénées, doit permettre à terme d'attirer un maximum d'investisseurs étrangers.