Buitoni Caudry 1:27
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, édité par Gauthier Delomez , modifié à
La multiplication des alertes sanitaires concernant les pizzas, les chocolats et les fromages contaminés par diverses bactéries remet sur la table les défaillances dans la chaine de contrôles des aliments qui sortent des usines agro-alimentaires. Sur Europe 1, le secrétaire général de la CFTC de la DGCCRF, chargée des contrôles, met en avant le manque de moyen humain.

Des traces de bactérie E.coli dans des pizzas Buitoni, une suspicion de salmonelle dans des chocolats Kinder, des fromages de la marque Graindorge rappelés pour risque de listériose : les alertes sanitaires se succèdent ces derniers jours en France. Et face à cette multiplication des alertes, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui est chargée des contrôles reconnaît que les enquêteurs ne sont pas assez nombreux pour faire correctement leur travail. La DGCCRF a en effet perdu 440 postes ces dix dernières années.

Les agents de la DGCCRF "ne peuvent pas être partout"

"Dans certains départements, la situation est catastrophique", explique Johann Pascot, secrétaire général de la CFTC à la DGCCRF. "On va prendre l’exemple du département du Lot : il n’y a qu’un seul enquêteur pour toute la zone pour remplir l’ensemble des missions de la DGCCRF, c’est-à-dire à la fois la sécurité alimentaire, mais aussi tout ce qui est fraude. Par exemple, c’est nous qui contrôlons en ce moment les totems dans les stations-service pour s’assurer qu’elles appliquent bien le rabais de 15 centimes par litre d’essence décidé par le gouvernement", détaille le syndicaliste, qui admet que les agents "ne peuvent être partout".

 

En d'autres terme, la sécurité alimentaire repose essentiellement sur les autocontrôles effectués par les industriels dans leurs usines. Chaque fabriquant doit contrôler à la fois la chaine de production, mais aussi les aliments avant qu’ils ne sortent de l’usine. En cas de problème détecté, ils doivent le signaler aux autorités sanitaires.

"Comment se fait-il que personne n'ait rien vu passer ?"

"Mais ces autocontrôles ne fonctionnent pas", estime Ingrid Kragl de l'association Foodwatch. "Les géants de l'agroalimentaire semblent un peu tombés des nues. C'est assez étonnant parce que forcément, ils ont fait des prélèvements, des autocontrôles. Comment se fait-il que depuis des semaines, on ait cette flopée de personnes malades et qu'ils n'aient rien vu passer ?", s'interroge-t-elle au micro d'Europe 1. "Malheureusement, les consommateurs sont toujours en bout de chaîne et informés trop tard", regrette-elle. L'association et certains élus réclament une plus grande sévérité dans les sanctions envers ces industriels, mais aussi envers la grande distribution qui tarde parfois à retirer certains produits des rayons.

Après l’affaire du lait Lactalis contaminé en 2017, une commission d’enquête parlementaire avait pointé du doigt les défaillances dans les contrôles sanitaires. Les auteurs de rapport avaient préconisé, entre autres, la création d'une seule et unique autorité chargée de la sécurité alimentaire. Aujourd’hui, ce sont les ministères de l'Économie et de l'Agriculture qui se partagent la tâche. "Il faut un seul et unique interlocuteur", estime le rapporteur du rapport, le député Grégory Besson-Moreau. Mais depuis la publication du rapport, rien n’a changé.