La France, championne de la grève. Selon la fondation allemande Hans-Bockler, on recense 114 jours de grève par an pour 1.000 salariés dans notre pays, contre 18 en Allemagne et seulement un en Suisse. Ces comparaisons internationales sont à prendre avec précaution, puisque tous les pays n’utilisent pas la même méthodologie, mais il y a tout de même une culture de la grève plus forte en France que dans nos pays voisins.
Le syndicalisme de lutte avec la CGT
Tout d’abord, cette culture de la grève prend racine dans l'histoire politique française. Deux courants de syndicalisme s’opposent en France depuis plus d’un siècle. La voie réformiste, attachée au dialogue social et portée par la CFDT, majoritaire en France. En face, il y a la voie plus radicale, adepte de la lutte, avec la CGT.
Dans l’esprit du syndicalisme radical, lutter pour ses intérêts en entreprise, c’est faire la grève, selon Malik Douaoui, avocat spécialisé en droit du travail chez Deloitte Société d’Avocats. "Le moyen de faire triompher ses revendications est d’imposer aux employeurs un rapport de force. D’ailleurs, dans l’imaginaire du syndicalisme révolutionnaire, c’est même la grève générale.", explique-t-il au micro d'Europe 1.
Pas de codirection des entreprises en France
Ensuite, il faut regarder le fonctionnement des entreprises françaises. Les syndicats ne gouvernent que très rarement aux côtés des dirigeants, contrairement à nos voisins allemands. "Dès lors que l’entreprise a une certaine taille, on a nécessairement au conseil d’administration, au conseil de surveillance des entreprises allemandes des représentants du personnel. C’est la culture du compromis, on négocie en Allemagne", souligne Malik Douaoui.
À tout cela s’ajoute en ce moment une crise du pouvoir d’achat, et des appels à un meilleur partage de la valeur ajoutée, face aux superprofits réalisés par certaines grandes entreprises. Ce mardi, une journée de grève interprofessionnelle a mobilisé 107.000 manifestants selon le ministère de l'Intérieur, et près de 300.000 selon la CGT.