L’année 2019 marque l’entrée en vigueur du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. Pour les salariés et les fonctionnaires, la réforme sera visible pour la première fois fin janvier, lors du versement des salaires et traitements, amputés de l’impôt mensuel. Mais pour les 6,3 millions de retraités du régime général qui payent l’impôt sur le revenu (sur 14 millions), les premiers effets se font déjà sentir sur les pensions complémentaires, versées au début de chaque mois. Entre les erreurs de calcul et les embouteillages dans les centres des impôts, les premiers prélèvements suscitent quelques inquiétudes.
Centres d’appel surchargés. Les retraités sont d’ores et déjà concernés par la ponction à la source sur leur retraite complémentaire, versée le premier ou le deuxième jour ouvrable de chaque mois. Leur pension Agirc-Arrco de janvier a donc été amputée d'une somme correspondant à l'application du taux de prélèvement à la source que l'administration fiscale leur a envoyé à l’été 2018. Sauf que certains semblent avoir de mauvaises surprises. "Nos plates-formes sont submergées d’appels de retraités qui contestent leur prélèvement à la source de janvier !", explique au Parisienle groupe Malakoff Médéric Humanis, chargé de régler les pensions complémentaires.
Depuis le 1er janvier, les centres des finances publiques et les centres d’appel de l’administration fiscale sont débordés face à l’afflux massif de réclamations des contribuables. "Il y a une masse de questions avec des difficultés pour leur répondre, tant il y a de cas individuels qui n'ont pas été prévus par l'administration", a dénoncé vendredi Frédéric Larrivée, co-secrétaire départemental de la CGT Bouches-du-Rhône. Or, pour les retraités qui ne sont pas à l’aise avec un ordinateur, passer par un interlocuteur direct est la seule solution. Résultat, faire changer son taux est parfois un défi kafkaïen.
Parcours kafkaïen. Laura, sexagénaire à la retraite depuis le mois de juin pense que son taux est incorrect et éprouve les pires difficultés à le faire modifier. Mais elle s’est cassé le nez devant le centre des finances publiques de son quartier, dans le 16ème arrondissement de Paris (le centre a dû fermer une heure plus tôt pour gérer les usagers qui étaient à l'intérieur, ndlr). "C'est insupportable ! On se balade avec les feuilles d'imposition, je reviens avec mes papiers de l’Agirc-Arrco, de la Cnav… Comme je ne veux pas faire de bêtises en remplissant la rubrique 'actualiser mon prélèvement à la source' sur le site, je voulais voir quelqu'un, prendre un rendez-vous. Mais on ne peut pas. 'En raison de la forte affluence, on ferme nos bureaux', nous disent-ils. On n’est que le deuxième jour quand même !", raconte la retraitée à Europe 1.
Laura a donc essayé de passer par téléphone, sans plus de succès. "J’appelle et je mets en haut-parleur chez moi, j’attends et puis je recommence. Demain, je vais mettre mon réveil, je vais venir à l'ouverture du centre et je vais tomber sur un type qui va me dire 'vous faites le 0809 401 401'", se désole-t-elle. Mais la jeune retraitée ne baisse pas les bras : "J'y arriverai de toute façon. Je veux que mon taux baisse, il n’y a pas de raison".
Attention à ne pas faire le mauvais calcul. Comme de nombreux retraités, Laura a calculé le prélèvement effectué sur sa pension complémentaire et affirme qu’il est plus élevé que le taux que lui avait indiqué l’administration fiscale il y a quelques mois. Pour autant, il ne s’agit pas d’un bug, assure la direction de Malakoff Médéric Humanis au Parisien : "Les gens qui nous appellent, se trompent dans le mode de calcul. Il ne faut pas appliquer le taux d’imposition à la somme nette perçue, mais au revenu net imposable", indiqué sur les attestations de paiement des pensions.
Pour tenter de répondre au plus vite aux interrogations des retraités et des autres contribuables, Bercy a déployé jeudi 200 agents supplémentaires dans les 14 centres d’appel des finances publiques. Des effectifs supplémentaires qui ne seront pas de trop : la retraite de base sera versée par la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) le 9 janvier, avec son lot d’appels de retraités inquiets à la clé.