Depuis quatre mois maintenant, l’Espagne et le Portugal bénéficient d’une dérogation sur le marché européen de l’énergie. Les deux pays l’ont obtenue car leur situation est particulière et limite physiquement les échanges d’électricité avec le reste du continent. Espagne et Portugal ont donc pu plafonner le prix du gaz utilisé pour produire du courant.
Le mégawattheure ne peut dépasser 40 euros dans ces deux pays. Et, comme le prix de l’électricité prend en compte le coût de la dernière unité de production mise en route, bien souvent une centrale à gaz, le mégawattheure en Espagne et au Portugal est vendu deux à trois fois moins cher qu’en France et en Allemagne.
L’Allemagne se méfie des effets pervers
C’est ce mécanisme que la France veut généraliser en Europe, mais elle n’arrive pas à convaincre l’Allemagne. Berlin s’inquiète d’abord du financement d’un tel mécanisme. En Espagne, c’est une surtaxe que paient les consommateurs. Selon certains, c’est la limite du mécanisme : il permet de limiter le prix du gaz, mais c’est aux foyers espagnols de le payer.
Mais l’Allemagne alerte surtout sur les effets pervers du mécanisme ibérique. Le système souffre de fuites, même si celles-ci sont marginales. La France, entre autres pays, achète de l’électricité à bas coût en Espagne. Si le mécanisme était généralisé à toute l’Union, un pays non-membre pourrait donc en profiter lui aussi. Enfin, dernier grief, un tel mécanisme pourrait inciter à consommer plus d’électricité car moins chère, au moment même où l’Europe veut inciter à la sobriété.