Le gouvernement veut sortir du bouclier tarifaire : malgré la baisse des prix sur le marché de gros, la facture d'électricité des Français augmente d'un peu moins de 10% en moyenne au 1er février, avec le retour d'une taxe gouvernementale qui concerne tous les abonnés.
Pourquoi cette augmentation ?
Les factures vont augmenter alors que le prix du mégawattheure (MWh) dégringole sur les marchés. Il se négocie actuellement autour de 80 euros, certes plus qu'avant la crise énergétique quand il coûtait 50 euros, mais plus de deux fois moins qu'il y a un an (190 euros), et très loin des sommets atteints à l'été 2022 (1.000 euros).
Alors pourquoi cette hausse ? Elle découle d'une décision du gouvernement de sortir progressivement du bouclier tarifaire, très coûteux pour les finances publiques. Pour cela, il rétablit partiellement la taxe intérieure de consommation finale de l'électricité (TICFE) qui avait été abaissée au minimum pour la mise en place du bouclier tarifaire. Elle va remonter en février, de 1 à 21 euros par mégawattheure, comme le budget 2024 le permettait. Avant la crise, elle était de 32,44 euros.
Sans le relèvement de cette accise, la facture aurait dû baisser en moyenne de 0,35%, selon la commission de régulation de l'énergie. La hausse de taxe rapportera 6 milliards d'euros à l'Etat cette année, mais un retour complet à la normale aurait pu rapporter 9 milliards.
Qui paie quoi ?
Le relèvement de cette taxe devrait se traduire par "une hausse de 9% en moyenne pour tout le monde" sur la facture, résume à l'AFP le Médiateur de l'énergie. "En agissant sur les taxes, plus particulièrement la TICFE (...) ce sont bel et bien tous les abonnés à l'électricité qui vont voir leur facture augmenter", a réagi UFC-Que choisir après l'annonce de Bercy le 21 janvier.
Autrement dit, tous les abonnés, qu'ils soient au tarif réglementé chez EDF ou en offres de marchés chez EDF et ses concurrents fournisseurs alternatifs sont concernés par la hausse de la taxe, qui est fixe. Cela concerne même les consommateurs qui avaient choisi l'offre d'UFC-Que-Choisir négociée avec Octopus Energy pour bénéficier d'une réduction de 14% sur le tarif réglementé.
La facture augmentera de 8,6% pour les ménages abonnés au tarif réglementé "base" d'EDF et de 9,8% pour les abonnés au tarif "heures pleines / heures creuses". Ils représentent près de 20 millions de foyers. La hausse sera de 10,1% pour quelque 400.000 ménages abonnés en tarif "effacement jour de pointe" ou "tempo" qui permet de bénéficier de tarifs avantageux en contrepartie d'une consommation flexible.
Selon les exemples communiqués par Bercy, pour une maison de quatre pièces chauffée à l'électricité (9 MWh/an), la facture augmenterait de 17,80 euros par mois. Un appartement d'une pièce non chauffé à l'électricité verrait sa facture d'électricité moyenne mensuelle augmenter de 4,50 euros.
Que proposent les fournisseurs ?
La hausse de l'"accise sur l'électricité" relance la bataille du pouvoir d'achat chez les fournisseurs alternatifs, qui recommencent à faire des propositions alléchantes depuis que les prix ont commencé à se calmer, au deuxième semestre 2023. "Ceux qui ont une offre de marché profitent quand même de la baisse des prix du marché", la fiscalité n'effaçant qu'une partie de ce gain, a indiqué Emmanuel Fages, analyste énergie chez Roland Berger.
"Il y a beaucoup plus d'offres et des offres qui sont moins chères que le tarif réglementé, parfois jusqu'à - 20%", constate le Médiateur national de l'énergie. Exemple chez TotalEnergies qui propose une offre à prix fixe sur 1 an avec un kWh en moyenne 17% moins cher que le tarif réglementé. Octopus Energy s'est lui engagé à prendre en charge 50% de la hausse de la taxe pendant six mois.
Combien bien choisir son contrat ?
Le Médiateur de l'énergie propose un comparateur d'offres en ligne et rappelle qu'on peut quitter à tout moment et sans frais son fournisseur pour un autre, mais il met en garde contre la tentation de propositions trop alléchantes. Le tarif doit être proposé en KWh et non en mensualités, car celles-ci peuvent être sous-évaluées, souligne le médiateur de l'énergie.
De nouvelles hausses à prévoir ?
En comptant les précédentes augmentations (4% en février 2022, 15% en février 2023, 10% en août 2023) et celle du 1er février, l'augmentation totale moyenne sur deux ans atteint de 43 à 44%. La prochaine interviendra au 1er février 2025, avec le rétablissement total de la taxe à son niveau maximum, selon Bercy. Cela signera alors la fin du bouclier tarifaire.