Quel sera le sort des chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire ? Le gouvernement français a accordé à l'italien Fincantieri une cinquième prolongation d'un mois pour finaliser le rachat des Chantiers de l'Atlantique, a annoncé mercredi le ministère de l'Économie, alors que l'offre expirait fin 2020. "Le gouvernement français propose à Fincantieri la prolongation de l'accord de vente et d'achat pour une nouvelle durée d'un mois", selon un message du ministère reçu par l'AFP. La Commission européenne réclame à Fincantieri des informations dans le cadre d'une enquête, tandis que l'entreprise italienne affirme de son côté avoir déjà fait tout ce qu'elle doit et peut faire pour cette acquisition.
Pour justifier le nouveau délai, le ministère français fait valoir que "compte tenu de la crise du Covid-19 qui a fortement affecté l'activité de la croisière, il a été décidé de suspendre les travaux de la Commission au printemps". Aussi "la prolongation de la crise économique et le manque de visibilité du secteur de la croisière rendent(-ils) complexes l'étude par la Commission du dossier", selon le ministère.
Ce nouveau délai doit "permettre à la Commission de finaliser son instruction et à Fincantieri de répondre aux dernières questions posées par la Commission", selon Bercy.
Quelques élus et syndicats contre la reprise
Sollicité lundi par l'AFP, Fincantieri avait indiqué ne pas pouvoir "faire davantage". Depuis la faillite de la maison mère sud-coréenne des Chantiers, l'entreprise de Saint-Nazaire, spécialisée dans les paquebots et navires militaires de grande taille, est détenue par l'État français (84,3% du capital), Naval Group (11,7%), les salariés (2,4%) et des sociétés locales (1,6%). Depuis 2017, un projet de cession prévoit que Fincantieri détienne 50% du capital, plus 1% supplémentaire prêté par l'État français -qui se réserve le droit de le reprendre si le groupe italien ne respectait pas ses engagements.
Le dossier est stratégique, le secteur de la construction des grands navires de croisière étant encore une chasse gardée européenne face à la concurrence asiatique. Trois chantiers se partagent le marché : les Chantiers de l'Atlantique, Fincantieri et l'allemand Meyer Werft. Or, une alliance nouée entre l'entreprise italienne et le chinois CSCC pour construire des paquebots fait craindre que le loup entre dans la bergerie.
Les syndicats des Chantiers de l'Atlantique, le maire PS de Saint-Nazaire David Samzun, le président PS du conseil départemental de Loire atlantique Philippe Grosvalet et la présidente LR de la région Pays de la Loire Christelle Morançais sont opposés à la vente à Fincantieri.