100% de plastique recyclé en 2025 : c’est l’objectif ambitieux fixé par Emmanuel Macron. Ambitieux car pour l’instant, seulement 45% des canettes en aluminium et 60% des bouteilles en plastique sont recyclées en France. Pour améliorer la gestion du cycle de vie des produits, le gouvernement peut s’inspirer de pays qui, un peu partout dans le monde, font mieux que nous. Jules Coignard, co-fondateur de Circul’R, une association de promotion de l’économie circulaire, a réalisé un tour du monde pour pêcher des bonnes idées. Invité de Circuits Courts sur Europe 1, il commente trois cas concrets.
L’Allemagne, à fond sur la consigne
L’exemple le plus connu et le plus proche de nous est à observer de l’autre côté du Rhin. "Depuis 2003, l’Allemagne est revenue à un système de consigne, avec aujourd’hui des taux de collecte bien plus élevés qu’en France", explique Jules Coignard. En Allemagne, le prix des contenants comprend une caution, récupérable en ramenant la bouteille. Cette caution varie de huit centimes pour une canette à quinze pour une bouteille en plastique recyclable et 25 pour les contenants non recyclables. Résultat, le taux de collecte atteint 90%.
"En France, 86% des bouteilles en verre sont recyclées. C’est un taux intéressant", relève Jules Coignard. Mais le recyclage est un processus énergivore. "Pour recycler une bouteille en verre, il faut la chauffer à 1.500 degrés et cela nécessite beaucoup d’énergie et d’eau. En passant à un système de consigne, on réduit de 33% la consommation d’énergie et de 75% la consommation d’eau", précise-t-il. Une différence que les frontaliers ont bien comprise. A Kiehl, ville allemande située à cinq kilomètres de Strasbourg, des Français viennent régulièrement déposer leurs bouteilles et leurs canettes.
Au Brésil, le recyclage comme moyen de subsistance
C’est un exemple que l’on connaît moins et pourtant, le Brésil est un bon élève du recyclage. "Les pays émergents ont globalement des taux de collecte très élevés grâce à l’informel, tous ces gens qui ramassent les bouteilles pour vivre", raconte Jules Coignard. Au Brésil, ce sont les catadores, des ramasseurs de déchets qui arpentent les rues à la recherche de détritus dont ils pourraient tirer un petit profit. "Le résultat, c’est un taux de collecte hallucinant, 98,4% pour les canettes par exemple. Le Brésil fait mieux que le Danemark."
Attention toutefois à ne pas idéaliser l’exemple du Brésil. "Le problème de cette collecte informelle dans les pays émergents, c’est qu’elle est souvent faite dans des conditions sanitaires et humaines pas acceptables. On s’est rendu dans une décharge en Afrique de l’Ouest et à la vue de ces gens qui trient à même le sol dans des montagnes de déchets, il y a de quoi s’interroger…" Reste que l'idée d'une collecte citoyenne pourrait intéresser le gouvernement.
Au Japon, des irréductibles recycleurs
Le tour du monde de Jules Coignard l’a emmené jusqu’au Japon, un pays pas forcément exemplaire à première vue. "Là-bas, 80% des déchets sont incinérés, ce n’est clairement pas la meilleure façon de les valoriser", explique-t-il. "Mais un petit village d’irréductibles Japonais a mis en place un système de tri de… 45 catégories de déchets !" Impressionnant, quand on sait que le tri sélectif en France se limite à trois ou quatre catégories.
"Chez lui, chaque habitant du village trie ses ordures en quatre ou cinq catégories : plastique, verre, métal, autres déchets… Puis quand il se rend aux bacs de déchets, il retrie directement dans les 45 paniers. En plus, il y a pour chaque catégorie une indication de combien coûte ou rapporte ce déchet à la collectivité, ce qui influence les modes de consommation", souligne Jules Coignard. Résultat, le taux de recyclage de l’ensemble des déchets dépasse les 80% dans ce village.